Pour, dit-on, permettre aux fonctionnaires guinéens, notamment les bouffe-la-craie et les retraités d’avoir une «couverture sanitaire de qualité », la défunte Alphagouvernance avait décidé de prélever 5% de leurs salaires à reverser à l’Institut national d’assurance maladie obligatoire et 2% à la Caisse de prévoyance sociale.

Sauf que la majorité des intéressés rejetait la mesure. Ils craignaient que le goubernement n’utilise ce fric pour financer autre chose que les soins de santé du travailleur Guinéen. Cela n’a pas empêché le goubernement de commencer le prélèvement fin août, du moins pour certains. La chute d’Alpha Grimpeur à peine consommée, la mesure est détricotée. Le CNRD, au pouvoir depuis le 5 septembre, a décidé de l’annuler. Les patrons syndicaux sont aux anges: «C’est une très bonne nouvelle pour nous, nous sommes contents de voir ce communiqué annulant le prélèvement des 5% du salaire indiciaire des fonctionnaires. Nous nous étions opposés à la manière par laquelle le gouvernement voulait opérer ce prélèvement. Heureusement, les nouvelles autorités ont compris la donne, ont pris la bonne décision. Elles ont résolu une de nos plus grandes préoccupations. Les fonctionnaires guinéens qui sont dans des conditions misérables, sont très contents», déclare Adrien Gbamy, porte-voix du SLECG (Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée).   

Mohamed Bangoura, mégaphone de l’USTG version Conakry, estime que le colonel Doumbouya Laye M’a dit a plutôt désamorcé une bombe à retardement : «C’est un soulagement pour nous, parce que cela nous aidera à éviter les perturbations en début d’année scolaire 2021-2022. Ce prélèvement était considéré comme une arnaque venant de la CNTG et des autres fédérations syndicales qui ont accompagné les autorités, sans nous apporter des explications. Pour le moment, le CNRD a sauvé l’année scolaire, parce que nous nous préparions à montrer notre désarroi».

Mohamed Bangoura persiste, au lieu de prendre de l’argent sur les salaires de «misère» des fonctionnaires, il faut plutôt l’augmenter «à travers une revalorisation de la prime de transport, parce que le carburant a augmenté. Faute de quoi, nous allons user de tous les moyens légaux pour nous faire entendre».

Yacine Diallo