Trois semaines après sa nomination, le premier ministre de la transition ne dispose toujours pas d’une équipe gouvernementale complète. Mohamed Béavogui doit se contenter de huit membres sur les vingt-sept que doit comporter le gouvernement de la transition. Pourtant la réalisation de plusieurs missions de l’ère CNRD, par son président-colonel Mamadi Doumbouya, repose sur les épaules de ces hommes et femmes intègres voulus par les guinéens. En attendant l’intégralité du gouvernement, la transition se nourrit d’interrogations liées à sa durée, au système électoral et ainsi qu’au fichier électoral.
Le 1er maire-adjoint de la commune de Matam et membre du bureau politique de l’Union des forces démocratiques de Guinée et de l’ANAD, Ismaël Condé souhaite que la transition ne dépasse pas deux ans. C’est du moins ce qu’il a confié à nos confrères de la radio FIM FM, dont il était l’invité ce mardi 26 octobre, dans l’émission Mirador. Cet ancien collaborateur du régime déchu, incarcéré durant 12 mois à la maison centrale de Kaloum. Il a commencé par féliciter les nouvelles autorités du pays pour avoir débarrassé le peuple de Guinée de ce régime dictatorial. « Ce qui reste maintenant, c’est comment surfer sur cette vague. Ce moment est un moment de liberté pour tout le peuple de Guinée » se réjouit-il.
L’ancien Rpgiste, estime qu’une transition n’est pas statique, elle bouge. Donc il faut que le CNRD sache que la meilleure façon de conduire une transition, c’est d’avoir une transition courte. « Ce n’est pas la prise du pouvoir qui est difficile, c’est plutôt la gestion qui est difficile. Nous sommes dans une période de grâce. Aujourd’hui, tout le monde est content du CNRD mais on veut vite savoir la durée des choses. Nous voyons beaucoup de décisions populistes, ils veulent faire plaisir à tout le monde alors que la gestion c’est de prendre des décisions, c’est de faire l’arbitrage. Et quand on prend l’arbitrage il y aura toujours un camp qui n’est pas content. Donc, il faudrait que le CNRD sache qu’il faut gérer les choses vite parce que le peuple est ingrat. Le peuple qui l’acclame aujourd’hui c’est ce même peuple qui se tiendra débout pour lui dire « ce n’est pas ce qu’on a demandé ». Je suis tout à fait d’accord pour une transition qui ne dépasse pas deux ans, car ça serait la meilleure recette pour que le CNRD reste indéfiniment dans l’histoire » souhaite-t-il.
Selon Ismaël Condé, si le peuple veut aider les nouvelles autorités du pays, il faudrait qu’on leur dise la vérité. « Il faut les aborder dans ce sens parce qu’ils sont là pour nous. Si nous commençons à leur mentir maintenant, on les aura trompés et c’est nous nous trompés nous-mêmes », renchérit-il.
S’agissant du processus électoral le CNRD a promis de commencer par le bas c’est-à-dire par les communale ; ensuite viennent les députés pour finir avec la présidentielle. Ismaël Condé, souhaite que le CNRD dote d’abord le pays d’une constitution parce que selon lui, la transition ne peut pas continuer d’être dirigée à l’aide d’une charte. « Commençons par rédiger une constitution qui va déblayer le chemin et laisser la souveraineté au peuple de choisir ses leaders, ce n’est pas à nous de dire tel est âgé ou pas. Seul le pays sait s’il va voter pour un vieux de 90 ans ou un jeune de 32 ans. Joe Biden est arrivé au pouvoir après ses 78 ans. Nous ne sommes pas plus intelligents que les américains. S’ils ont estimé qu’un vieux peut faire leur affaire, pourquoi en Guinée nous pensons qu’un vieux ne peut pas faire la nôtre. C’est une question subjective qu’il faut éviter. Ensuite faisons l’économie des élections parce que les élections sont les moments les plus troubles dans notre pays. »
Kadiatou Diallo