Le 17 août, jour de manifestation contre la Transition, le Colonel Doumbouya ne devrait pas circuler sur la route Leprince en particulier. C’est une imprudence que son entourage devrait lui déconseiller. C’était très risqué. La route Leprince est devenue le principal axe de soutien au FNDC et de contestation du pouvoir de la Transition. Déjà, on parle d’un, puis de deux morts pour cette journée. Ajouté aux manifestations précédentes, nous sommes à sept morts sous la Transition. Ça me fait mal au cœur.

Je ne me souviens pas avoir entendu dire que tel ministre de Sékou Touré, de Lansana Conté ou d’Alpha Condé a tué. On dit toujours dit: Sékou Touré a tué tel nombre ! Lansana Conté a tué tel nombre ! Dadis a tué tel nombre ! Alpha Condé a tué tel nombre ! C’est toujours le Chef qui est indexé à tort ou à raison.  Ce triste et macabre récital doit  servir de leçon pour nos gouvernants actuels et futurs. Imaginez la réaction de la garde présidentielle ce jour, face aux éventuels jets de pierre sur le cortège par des manifestants ! Imaginez les conséquences sur place et les échos sur les médias du monde entier. C’est une imprudence à déconseiller à l’avenir.

Souvenons-nous de ce qui est arrivé à Dadis Camara au Camp Makambo en 2009. Souvenons-nous de ce qui est arrivé au Général Sama Panival Bangoura sur le front. Souvenons-nous de ce qui est arrivé à Idriss Deby Itno sur le front. Il y a des théâtres d’opérations ou de manifestations où le Chef ne doit pas mettre les pieds. En cas de besoin, il a des lieutenants pour le faire. Le moindre incident sur le cortège présidentiel, provoqué  par un manifestant téméraire ou par un agent à la gâchette facile, pourrait tourner à la catastrophe.
La plupart de nos analystes  concluront que le Chef de la junte a préparé « le massacre » sur l’Axe. Les Conseillers et les proches du Président de la Transition doivent oser lui dire certaines vérités. N’ayez pas peur de perdre vos postes et vos privilèges ! Osez dire ce que vous croyez être la vérité dans l’intérêt de la nation et dans l’intérêt du Chef !
La présente Transition doit réussir par les idées et les actions de tous. Pour cela, l’entourage du Président doit jouer son rôle primordial en l’encourageant à dialoguer avec la classe politique et la société civile en vue d’une meilleure issue de la Transition. L’honneur du Colonel Doumbouya et la bonne image de notre pays résident dans la réussite de la Transition, avec une participation inclusive. Pourvu que le dialogue ne donne pas un coup d’arrêt aux procédures en cours sur les malversations financières. En toute indépendance, la Justice doit  être la véritable boussole de la gouvernance. Le processus démocratique ne peut pas être engagé sans la classe politique. Ce n’est pas possible! Je demande au CNT de bien vouloir s’impliquer dans la dynamique de la reprise du dialogue et d’activer la rédaction du projet de la nouvelle Constitution tant attendue. De mon point de vue, c’est cela sa mission fondamentale.

Au Président de la Transition, j’ose conseiller la prudence et la fidélité à l’esprit de rassemblement contenu dans ses premiers discours que j’ai personnellement salués.
Tous ceux qui ont été à la tête de l’Etat guinéen ont été trompés par des proches et des démagogues incompétents qui ne cherchent que des postes, sinon à s’y maintenir. Après le pouvoir, ils rejetteront sur le seul Chef, les erreurs de la gouvernance dont ils étaient les principaux initiateurs. Il en est ainsi dans notre pays, hélas !

Au FNDC et à ses sympathisants, je conseille la modération ou la saisine de la justice pour conférer à leurs réclamations une dimension légale et républicaine. Toutes manifestations au contenu meurtrier ou dommageable doit être évitées de facto. Le sang d’un Guinéen doit cesser de couler du fait d’un autre Guinéen, pour des raisons politiques. À défaut de démocratie, les Guinéens ont besoin de deux choses fondamentales: la paix et le pain.

Ibrahima Jair Keita