Nommé Premier ministre par intérim cumulativement à ses fonctions de ministre du Commerce, de l’Industrie et des Petites et moyennes entreprises le 16 juillet, Bernard Goumou a pris racine à la Primature. Dans un décret publié dans le journal de la télébidon nationale de ce samedi 20 août, le Colonel Mamadi Doum-bouillant a nommé Nanard Goumou, Premier ministre, chef du Gouvernement, en remplacement de Mohamed Béavogui, indisponible pour cause de maladie. Profitant du séjour prolongé de Mohamed Béant pour «des raisons médicales», Nanard Goumou, «l’homme pressé», a réussi à charmer le Prési de la Transition, Mamadi Doum-bouillant, pour être confirmé au poste de PM. Et comment ?

Qui va à la chasse perd sa place, dit l’adage. L’adage vient de s’appliquer à Mohamed Béant, le désormais ex-PM de la Transition, hors du bled depuis plus d’un mois. En tout état de cause, face à la « démission officieuse » de Mohamed Béant, le 16 juillet, le colonel Mamadi Doum-bouillant, Prési de la Transition, avait nommé Nanard Goumou, Premier ministre par intérim. Un mois après, face à l’absence prolongée du PM Béant, son ministre du Commerce vient de le remplacer.

Le lourdaud Goumou a dévoilé peu à peu ses ambitions pour devenir le Premier des ministres de la Transition. En plus de multiplier ses sorties médiatiques en sa faveur, la semaine dernière, Nanard Goumou a gelé le fonds de souveraineté du Palais de la Colombe, « jusqu’à la fin de sa gestion intérimaire», rapportaient des confrères et un cadre (en bois) tapi à la Primature. «Actuellement, seules les dépenses liées au fonctionnement seraient autorisées par Bernard Goumou (…) Son seul souhait est de pouvoir imprimer sa marque de bon gestionnaire à la Primature, pour y marquer son passage sans pour autant se salir ne serait-ce que le petit doigt », avait écrit un partisan de Goumou dans un site. Selon un proche de la Primature, «la décision a fait des mécontents parmi le personnel», au sein duquel « chacun y va de son chef, pour spéculer sur les véritables raisons de ce gel des fonds de souveraineté ». D’aucuns y voyaient une façon « d’éviter une saignée financière imputable à sa gestion intérimaire. » Avec la CRIEF, sait-on jamais !

Mais les partisans du lourdaud ont soutenu mordicus qu’il cherchait là à convaincre le locataire du Palais Mohammed V, en vue d’être maintenu PM, chef du gouvernement. Ce n’était pas un hasard. Il enflait des supputations sur un éventuel remaniement du gouvernement, à l’occasion de l’an un du CNRD à la tête du bled. Les partisans de Nanard Goumou vantaient donc une «décision impopulaire mais sage», un exemple de « culture de bonne gouvernance à partir du sommet».

Si le gel des fonds de souveraineté de la Primature n’est pas du goût de certains, rares ont été «les cadres de la Primature qui acceptent de parler du sujet publiquement». Ainsi, nous avait confié une source sous le couvert de l’anonymat le 18 août. Parmi le lot de mécontents, un botteur de couloirs du Palais de la Colombe affirmait que le PM par intérim cherchait bel et bien «à être confirmé». Normal, soutient un de ses proches qui indique que Nanard était «à un doit d’être Premier ministre», à la nomination de Mohamed Béant. «C’est un candidat potentiel, répond un observateur de la vie politique guinéenne. Le ministre Djiba Diakité s’adresse à lui en l’appelant “Monsieur le Premier ministre”. Ce n’est pas anodin», soulignait Jeune Afrique le vendredi, 19 août dans son site.

Bernard Goumou a finalement su convaincre Mamadi Doum-bouillant face au bataclan de prétendants au poste de Premier ministre, aux langues aussi mielleuses.

Mamadou Siré Diallo