Les Républiques de Guinée et du Mali, «deux poumons d’un même corps», multiplient les signes de solidarité, en plus des actes honorifiques que les présidents des deux juntes expriment mutuellement.
Dans un contexte de relations tendues avec la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), les juntes guinéenne et malienne se tiennent les coudes. Ouvertement, elles s’approchent par plusieurs moyens, distinctions honorifiques y comprises. Pour sa première visite officielle hors de la Guinée, Mamadi Doumbouya s’est rendu au Mali le 21 septembre, chez son frère d’armes, Assimi Goïta, l’autre putschiste ouest-africain. Pour participer à la célébration du 62ème anniversaire de l’indépendance du pays de Modibo Kéïta. Pour faire bonne figure aux relations guinéo-maliennes, Assimi Goïta a élevé Mamadi Doumbouya à la «Dignité de Grand-Croix de l’Ordre national du Mali à titre étranger».
«Cette distinction honorifique dénote une fois encore que les deux chefs d’Etat sont plus que jamais déterminés à renforcer les relations de coopération et d’amitié existant si heureusement entre Conakry et Bamako. La décoration du colonel Mamadi Doumbouya vise à reconnaître son panafricanisme avéré, son soutien indéfectible au peuple malien et sa volonté affichée de renforcer davantage l’intégration entre Maliens et Guinéens», se vantait la Présidence guinéenne.
A l’occasion du 64ème anniversaire de la Guinée le 2 octobre, Assimi Goïta, à son tour, a dépêché une délégation à Conakry. Le Premier ministre par intérim, Abdoulaye Maïga, accompagné, entre autres, de son ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a été accueilli le 30 septembre à Conakry par son homologue Bernard Goumou. Le but n’était pas que d’assister à la fête d’indépendance. Pendant que des collègues de l’armée montent en grade, à l’image de Balla Samoura (Haut commandant de la gendarmerie nationale) ou de Sadiba Koulibaly (chef d’état-major général des armées), Amara Camara, le Secrétaire général de la Présidence, se fait distinguer par le Mali. Il a été élevé au rang de «Commandeur de l’Ordre national du Mali à titre étranger». C’était à la faveur du banquet organisé dans la soirée du 2 octobre au Palais Mohammed V. L’élévation a été faite par le Col. Malick Diaw, président du Conseil national de la Transition du Mali, au nom du Col. Assimi Goïta. «Le titre honorifique décerné au secrétaire général de la Présidence guinéenne n’est pas le fruit du hasard», explique Abdoulaye Maïga, le Premier ministre par intérim du Mali.
La Direction de la communication et de l’information de la Présidence indique que le colonel Amara Camara a joué un «rôle déterminant dans la facilitation des négociations de tous ordres et la contribution inconditionnelle dans la gestion efficiente des affaires», entre Conakry et Bamako en cette période de transition dans les deux pays.
Désolidarisation, la règle !
Le 9 janvier dernier, la Guinée s’est désolidarisée de la Cédéao à propos des sanctions que l’organisation a infligées contre le Mali, victime d’un double coup de force. N’ayant pas été associée à la décision des dirigeants de la Cédéao, la Guinée annonce que ses frontières aériennes, terrestres et maritimes restent ouvertes à ses voisins, conformément «à sa vision panafricaine». La junte guinéenne sanctionnée le 22 septembre dernier par la Cédéao depuis New York, le Mali renvoie l’ascenseur à la Guinée. Il s’est désolidarisé, à son tour, des «sanctions progressives» de l’institution contre la junte guinéenne, via un communiqué du Premier ministre par intérim, Abdoulaye Maïga. «Compte tenu de la solidarité et de la fraternité entre le Mali et la Guinée, le gouvernement de la Transition décide de se désolidariser de toutes les sanctions illégales, inhumaines et illégitimes prises à l’encontre de la Guinée et ne leur réservera aucune suite, d’adopter, si nécessaire, des mesures pour assister la Guinée. Histoire d’annihiler les conséquences de ces sanctions inutiles contre le peuple et les autorités de la Guinée», indique le communiqué.
Le projet d’un Etat fédéral entre Guinée et Mali, porté et chéri par le chanteur Salif Kéïta est-il en bonne voie ?
Yaya Doumbouya