La rumeur, amplifiée par les réseaux sociaux, a follement couru dans la cité cette semaine. Elle a été relayée même par des médias. Un supposé accord militaire entre Cona-cris et Paris pour que des forces françaises sécurisent la frontière de la Guinée et le Mali, qui serait infestée par moult groupes armés et le terrorisme.

Le ministre des Affaires étranges, Mori-Sans-dents Kouyaté, a apporté un démenti ce 11 octobre. Histoire de dissiper la rumeur. C’était à la faveur d’une rencontre avec des diplomages à Cona-cris. «Il y a quelques jours, des gens disaient que la Guinée voulait abriter une base militaire française, mais ils ont échoué lamentablement. Après le démenti du ministre de la défense, ils sont revenus par la fenêtre en disant que la France va déployer des militaires à la frontière guinéo-malienne. Je voudrais dire que c’est ridicule, simplement ridicule ! La frontière entre le Mali et la Guinée n’est même plus une frontière. La Guinée participe à la sécurisation du Mali, pays frère, en y envoyant de milliers de soldats depuis 2012», argue-t-il.

Le ministre Morissandan Kouyaté déclare que «c’est vraiment ridicule» de penser que la Guinée ferait appel à un pays étranger, pour sécuriser la frontière entre frères. Surtout que les juntes guinée-haine et mali-haine se serrent les coudes face aux sanctions de la Cédéao et que les intentions d’un Etat fédéral, s’affichent, de part et d’autre, pourrait-on ajouter. Et ce n’est pas le chanteur malien Salif Kéïta qui dira le contraire. 

Parmi les « rumeurs persistantes », il y a ce qu’a écrit Africa Intelligence : «Craignant une expansion vers la Guinée des groupes djihadistes actifs au Mali voisin, la junte du Col. Mamadi Doumbouya a sollicité Paris pour une assistance militaire le long de sa frontière nord-est au printemps dernier», ont écrit nos confrères d’Africa Intelligence, dans un article du 7 octobre, intitulé : Le discret appui militaire français à Conakry pour protéger sa frontière avec le Mali.

Le Mori-Sans-dents a répliqué : «Le 22 novembre 1970, nous nous sommes battus tout seul contre l’agression portugaise. En 2000, nous nous sommes battus seuls et nous avons repoussé les agressions des mercenaires qui voulaient envahir la Guinée. Nous avons aidé à la lutte contre le terrorisme partout dans le monde. Donc, c’est ridicule de chercher à créer la confusion dans la tête des gens en disant que la France et la Guinée vont déployer des troupes sécuritaires. Je déments…», réitère le ministre des Affaires étrangères.

S.E Marc Fonbaustier, l’ambassadeur de la France en Guinée, souscrit à «1000%» aux propos du Mori-Sans-dents Kouyaté. «Qui peut avoir intérêt à agiter des questions qui ne se posent pas ?» s’interroge le diplomage.

Sûr que les rumeurs se sont estompées, mais il reste clair que la junte de Mamadi Doum-bouillant coopère avec la France dans le domaine militaire et sécuritaire. Lui-même est un légionnaire français, marié à une Française. C’est cette coopération qui irrite le FNDC (Front national pour la défense de la Constitution) qui invite l’Europe, notamment la France à ne plus coopérer avec la junte guinée-haine qui, selon le Front, bafoue le respect des droits humains. Vaste programme !

Autre rumeur, autre démenti

La rumeur autour de l’installation présumée d’une base militaire française en Guinée, notamment à Labé, est partie de la visite du ministre délégué à la Défense nationale en France. Du 14 au 18 juin dernier, Aboubacar Sidiki Cas-marrant alias Idi Amin, était au salon d’Eurosatory à Paris. Il a été invité par le chef d’état-major général des armées françaises, le général Thierry Burkhard. Un événement d’exposition de matériel et d’équipement militaires, le premier salon dédié à l’armement terrestre dans le monde. A son retour à Cona-cris, Idi Amin a vite démenti la rumeur. «Entretien avec le ministre de la défense, M. Camara. Échanges sur la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest. Volonté commune de renforcer les partenariats opérationnels entre les armées pour lutter contre le terrorisme dans la région», twittait le général Thierry Burkhard. Lors de leurs échanges, les deux hommes auraient évoqué la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest, ainsi que la contagion terroriste, du Sahel au Golfe de Guinée. Aussi au menu, la coopération bilatérale entre la Guinée et la France dans la lutte contre le terrorisme. Et toc !

Yaya Doumbouya