Le secteur du football guinéen traverse une crise depuis plusieurs années. La Fédération guinéenne de football, Féguifoot, est placée sous la surveillance d’un Comité de normalisation (Conor) depuis le 29 novembre 2021. Censé gérer la crise, c’est plutôt d’autres problèmes que ce Comité créé dans la haute sphère du football guinéen.

Le 29 août dernier, le Conor a révoqué la direction de la LGFP (Ligue guinéenne de football professionnel) chargée d’organiser les championnats nationaux guinéens de Ligue 1&2. Il a à son tour placé un Comité provisoire composé d’un bureau exécutif provisoire de 12 personnes. A partir de là, le bras de fer est engagé entre le Conor et la LGFP.

Mathurin Bangoura, ex-président de la LGFP, conteste la révocation de son bureau par le Conor. Le 8 septembre dernier, il a déposé une déclaration d’appel devant le Tribunal arbitral du sport, basé à Lausanne (Suisse), sous prétexte que le Comité de normalisation a violé toutes les procédures et les statuts de la Fédération guinéenne de football, dénonçant un «abus d’autorité».

Le clan Mathurin  attaque

Le 12 octobre, le Comité provisoire à la tête de la Ligue Guinéenne de Football a fixé la date de la reprise du championnat national au 28 octobre. Le clan de Mathurin Bangoura n’entend  pas se laisser faire. Réunis le 15 octobre, 18 clubs dont 6 de Ligue 1 et 12 de Ligue 2 ont annoncé qu’ils vont boycotter la reprise de la compétition. Ils regrettent dans leur déclaration lue par le président du Wakriya AC, Dr Mikailou Sampou, qu’ils constatent «ce qui se passe. On ne peut pas organiser un championnat sans informer les clubs. À date, aucune combinaison n’est disponible et on annonce la reprise. C’est un manque de professionnalisme et on a décidé de ne pas participer au championnat organisé par une équipe qu’on ne reconnaît pas. S’ils décidaient d’exclure un club parce qu’il ne joue pas, juridiquement, ils ne sont pas légaux… On va adresser un courrier au ministère des Sports pour attirer son attention sur cette crise ».

La présidente du Conor contreattaque

Mariama Diallo Sy, la présidente Conor, assure que cette décision ne va nullement empêcher le ballon de rouler en Guinée. Elle explique que le refus de ces 18 clubs de jouer ne va pas détourner la reprise du championnat guinéen. «Nous faisons d’abord jouer la Ligue 1 qui compte 14 clubs. Ils ont dit que 6 ne jouent pas. 14 moins 6, cela fait 8. Ce qui représente la majorité. Donc, le championnat sera joué. On ne va pas priver la Guinée, les joueurs de tourner le ballon, pour les humeurs des uns et des autres, parce que la tête de Paul ou de Pierre ne vous convient pas. Ceux qui ne jouent pas seront rétrogradés », comme le prévoient les textes.

Cependant, malgré ses menaces, la patronne de la Feguifoot opte pour la méthode pacifique. Elle ne veut pas en arriver là et compte aller à la rencontre des frondeurs pour les convaincre à faire machine arrière. «Je ne cesse de parler de l’union sacrée. Il faut qu’on s’entende parce que la désunion ne nous sert pas…  Je ferai tout ce que je peux pour les ramener à la raison et qu’on puisse jouer », dit Mme Sy, selon foot224.

Le 30 juin dernier, le mandat du Comité de normalisation de la Fédération guinéenne de football a été prorogé par la FIFA jusqu’au 30 avril 2023. N’étant donc pas pressé de partir, avec cette nouvelle crise, sauf implication des hautes autorités des Sports guinéens, c’est reparti pour un bon moment de clash et de bras de fer dans le secteur du football guinéen.

Abdoulaye Pellel BAH