Depuis quelques temps, des voix s’élèvent pour dénoncer le néocolonialisme français en Afrique francophone. Le Mali incarne la contestation et l’hostilité contre la France. Bamako allant jusqu’à accuser l’ancienne puissance coloniale de connivence avec les terroristes. Ils sont loin les temps où le chef de l’Etat français d’alors, François Hollande, était accueilli au Mali en sauveur et héros.
Le Mali n’est plus le seul Etat francophone à prendre ses distances avec la France. Le Gabon et le Togo viennent d’adhérer au Commonwealth, qui regroupe les pays anglophones. Preuve qu’avec ou sans hostilité ouvertement exprimée, les Etats africains veulent faire ce que le président Alpha Condé avait appelé à Abidjan « couper le cordon ombilical avec la France ».
A l’exception du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Niger, les pays francophones sont dans une logique de divorce d’avec l’ancienne puissance coloniale. La Guinée, curieusement pourrait encore aller à contre-courant de ses voisins. Selon certaines rumeurs, le seul pays qui avait voté Non en 1958, accepterait ce que le Mali voisin a refusé : une base militaire française sur son territoire.
Mais cette hypothèse est peu probable. Pour qui connait l’histoire tumultueuse entre la France et la Guinée, on peut difficilement envisager cette éventualité qui serait un désaveu cinglant des dirigeants qui se sont succédé en Guinée depuis l’indépendance. Les nostalgiques, souverainistes et autres panafricanistes attendent les nouvelles autorités de pied ferme. Deux faits attestent que Mamadi Doumbouya n’a pas froid aux yeux : l’emprisonnement des barons de l’ancien régime et l’organisation du procès sur les événements du 28 septembre 2009. Dérouler le tapis rouge à l’armée française constituerait une autre paire de manche.
Les souverainistes et autres panafricanistes de tout acabit, font à la Sékou Touré. Le chantre de l’anticolonialisme si hostile à la France ne faisait pas peu pour la promotion de la langue française. Il pouvait faire un discours de 8h en français. S’y ajoutent ses nombreuses publications toutes en français. Bien des souverainistes d’aujourd’hui vivent en France. Ceux qui sont en Afrique ont les leurs en France. Ils pensent en français, s’expriment en français, écrivent en français mais se disent profondément africains. Quel paradoxe !
Il est souhaitable que l’Afrique prenne son destin en mains pour se passer de la tutelle française, il est incontestable que se tourner vers la Grande-Bretagne et adhérer au Commonwealth n’est pas la solution. Encore moins vers la Russie. C’est même la pire des solutions. Surtout que, pour le Mali, celui qui remplace le soldat français, qui relève du gouvernement de Russie, est un mercenaire. Avec tout ce que cela implique.
Certes les réseaux focardiens et chiracquiens ne sont pas nets en Afrique francophone, ils se sont contentés de remplacer des chefs par d’autres, ils ont fait main basse sur l’économie. Mais ils n’ont pas remis en cause l’existence même des Etats. Or, avec les mercenaires russes il faut s’attendre à la déstabilisation voire la désintégration pure et simple des Etats hôtes.
Habib Yembering Diallo