Après 17 ans de suspension pour non-paiement de cotisations, la Guinée est revenue sur la scène internationale du tennis en 2019. Quatre ans après, elle risque d’être suspendue à nouveau, mais cette fois pour d’autres raisons.
Du 24 au 30 juillet, les équipes guinéennes de tennis (masculine et féminine) de 12 ans et moins doivent participer à la phase qualificative de la prochaine édition du Championnat d’Afrique des nations du tennis, dont le pays hôte et le calendrier restent encore à déterminer. À 72 heures du coup d’envoi de la compétition à Nouakchott, en Mauritanie, la délégation guinéenne peine à quitter Conakry, à cause de « négligence du ministère des Sports ».
Jeudi 20 juillet, Mohamed Camara, secrétaire général de la Fédération guinéenne de tennis, accompagné de Mamadouba Makadji, entraîneur, ont animé un point de presse à la Maison de la presse (Minière). D’entrée, le premier a accusé le directeur national des Sports de bloquer les dossiers de la Fegui-tennis, pour des raisons inconnues. Le conférencier a attiré l’attention des autorités sportives sur la situation qui prévaut et les sanctions que la Guinée encourt, si elle s’absente à la compétition.
« Le dossier est arrivé au ministère des Sports depuis le 2 juin. Nous avons essayé de savoir pourquoi il a pris énormément du temps. Pendant trois semaines, il dormait dans les tiroirs du directeur national des Sports, alors que la note technique a été faite. Le directeur national a encore mis trois jours avant de transmettre la note au ministre. Ce n’est que vendredi dernier qu’il a envoyé le dossier chez le ministre. Jusque-là, il n’a pas été transmis à la Primature, puis à la Présidence pour que nous ayons l’ordre de mission », se plaint Mohamed Camara.
Des Sanctions à l’horizon
Actuellement membre à part entière de la FIT (Fédération internationale du tennis), la Guinée vient de bénéficier du projet JTI (Junior Tennis initiative). Il consiste à introduire le tennis en milieu scolaire. Mohamed Camara se réjouit que ce programme ait déjà des retombées pour la Guinée, à travers l’envoi de « 109 kg de matériels. Nous attendons la fin des procédures douanières pour acheminer le matériel dans les écoles ». Un programme que la Guinée risque de perdre l’année prochaine, si elle ne se présente pas aux compétitions. Elle risquerait également d’être rétrogradée dans une catégorie inférieure, voire d’être suspendue par le FIT comme en 2002, ou au meilleur des cas, écoper d’une sanction financière.
Un sport éducatif
Pour disputer cette compétition, ils seront trois dans chaque équipe (garçons et filles). Parmi les joueurs, des adolescents en provenance de Siguiri, Kamsar et Boké. Makadji Mamadouba, sélectionneur de l’équipe nationale de tennis des 12 ans, assure que ses poulains sont prêts pour la compétition. « Ils se sont bien préparés, le mental est bon », rassure-t-il. Pour lui, l’enjeu est grand. « Ils ne sont que six, mais la Guinée risque de perdre les jeunes talents qui seront détectés par le projet JTI. On va aussi perdre le programme de la Coupe Devis ». Le coach craint que cela détourne les jeunes du tennis, s’ils ne sont pas soutenus. Il invite l’État « d’éviter de perdre ce qu’on a durement acquis ».
Déterminés, les encadreurs n’excluent pas de rallier la Mauritanie par la route, si rien n’est fait. « Ça va nous coûter ce que ça va nous coûter, mais nous ne pouvons pas revenir en arrière », prévient le secrétaire général de la Fegui-tennis. « Nous sommes dos au mur, mais nous serons obligés de prendre la route dès le vendredi soir, puisque nous avons déjà l’accord des parents des enfants ». Il espère qu’on n’en arrivera-là.
Abdoulaye Pellel Bah