Le 12 août, les enseignants contractuels ont battu le pavé dans la préfecture de Tougué, en Moyenne-Guinée. Ils protestent contre les résultats du concours d’accès à la Fonction publique.
On pensait le bras de fer entre les enseignants contractuels et le gouvernement clos. Mais le fait d’engager 10 000 d’entre eux à la Fonction publique ne résout pas le problème. Au contraire, cette approche engendre une nouvelle crise. Les candidats au concours, déclarés non admis, crient à la fraude. Après Conakry, Kindia et d’autres villes de l’intérieur du pays, c’est autour des enseignants contractuels de Tougué de prendre d’assaut la rue pour crier leur ras-le-bol. Les protestataires récusent non seulement les résultats du concours, mais accusent les autorités éducatives d’avoir manœuvré pour les écarter : « Les résultats publiés pour la préfecture de Tougué ne reflètent pas la réalité. C’est pourquoi nous avons décidé de manifester aujourd’hui. Même le Directeur préfectoral de l’éducation dit être surpris de ces résultats. Pourtant, toute cette mascarade a été orchestrée dans les bureaux de la DPE », explique un manifestant.
La marche devait partir de la Maison des jeunes de Tougué pour se terminer devant les locaux de la Direction préfectorale de l’éducation. Mais la situation a dégénéré avant même le point d’arrivée. La gendarmerie est vite intervenue, arguant qu’aucune manifestation n’est autorisée dans la cité. Cinq personnes sont arrêtées : « Les gendarmes nous disent avoir reçu l’ordre de conduire tous les responsables au niveau de leur unité et les ont placés en garde à vue », ajoute la source.
Abdourahmane Djogo Baldé, Djibril Traoré, Amadou Mouctar Baldé, Younoussa Barry et Amadou Barry ont passé la nuit en garde-à-vue. Leur audition s’est déroulée ce mardi 13 août. Ils ont été inculpés pour « trouble à l’ordre public » et placés sous mandat de dépôt, en attendant l’ouverture de leur procès demain mercredi 14 août. Mais les enseignants contractuels recalés promettent de ne pas reculer. Ils comptent organiser prochainement d’autres manifestations, pour protester contre «les résultats publiés.»
Sur plus de 300 candidats, près de 80 ont été retenus, les autres ont été jugés inaptes à enseigner. Mais eux, jurent que leurs copies n’ont même pas été corrigées. Elles seraient restées à la DPE.
Yacine Diallo