- Au Mali la période dite de transition semble s’être durablement muée en dictature militaire.
- Opposant⋅es politiques, mais aussi journalistes et défenseur⋅es des droits humains sont harcelés, enlevés, condamnés à la prison ou détenus au secret.
- La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) dénonce ces multiples violations des droits humains et des libertés fondamentales commises par les autorités maliennes, au pouvoir depuis le coup d’État du 18 août 2020.
Nairobi, Dakar, Paris, 14 août 2024. Les autorités militaires maliennes, arrivées au pouvoir à la faveur des coups d’État du 18 août 2020 et du 24 mai 2021, n’ont eu de cesse de restreindre drastiquement l’espace civique et démocratique dans le pays. Ces quatre dernières années ont vu une recrudescence des arrestations et détentions arbitraires, des enlèvements et détentions au secret, ainsi que des actes de harcèlement judiciaire contre toute personne exprimant une opinion jugée dissidente.
La FIDH appelle les autorités maliennes à libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement ; à rétablir le respect des libertés fondamentales, notamment les droits à la liberté d’expression, d’opinion, d’association, de réunion et d’assemblée et de presse et à restaurer l’espace civique et politique au Mali.
« Aujourd’hui au Mali, on ne parle plus de ‘glissement’ de la transition mais bien d’une volonté affichée par le régime militaire de confisquer le pouvoir », déclare Me Drissa Traoré, secrétaire général de la FIDH. « Au lieu de respecter leur engagement à organiser les élections et à transférer le pouvoir à un gouvernement civil, les militaires se sont maintenus en mettant en place un régime de plus en plus répressif qui porte systématiquement de graves atteintes aux libertés fondamentales protégées par la Constitution malienne et les instruments régionaux et internationaux ratifiés par le Mali. Les autorités maliennes doivent rapidement mettre en place toutes les conditions pour un dialogue effectif et inclusif avec les partis politiques et la société civile, afin qu’un nouveau chronogramme électoral soit établi », ajoute-t-il.
« Les arrestations d’opposant⋅es confirment une fois de plus la volonté des autorités d’étouffer toute voix dissonante et d’imposer au Mali un régime autoritaire. Dans ce contexte, la levée de la suspension des activités des partis politiques bien qu’elle soit importante s’avère insuffisante pour décrisper le climat politique et restaurer le respect des droits humains en raison de la détention arbitraire en cours de 12 opposants politiques », déclare Me Jean Claude Katendé, Vice président de la FIDH. « Les autorités doivent immédiatement libérer les personnalités politiques toujours détenues arbitrairement et garantir le respect des libertés d’expression, d’opinion, de réunion et d’association » ajoute-t-il.
« Les attaques contre les défenseurs.es, les journalistes ainsi que toutes les voix jugées critiques constituent des violations graves et inacceptables des dispositions pertinentes de la charte africaine des Droits de l’homme et des Peuples. Dès lors, les autorités maliennes doivent restaurer l’état de droit en garantissant et en protégeant en toute circonstance les droits aux libertés d’expression, d’opinion, de réunion, d’association et de presse telles que consacrées par le droit national, ainsi que les instruments régionaux et internationaux de protection des droits humains, et en particulier la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples », déclare Mabassa Fall, Représentant de la FIDH auprès de l’Union Africaine.
FIDH (Fédération internationale pour les droits humains)