Le 4 août, l’antenne belge des Forces vives de Guinée (Europe) a manifesté à Bruxelles, contre la violation des droits et libertés en Guinée. Le 9 août, nous avons eu un entretien avec Mamadou Aliou Baldé, le secrétaire fédéral de l’Union des forces démocratiques de Guinée, section Belgique, membres des Forces vives de Guinée (Europe). Entre autres sujets au menu : manifestations projetées par les Forces vices de Guinée dont est membre l’UFDG, retour de Cellou Dalein Diallo au bercail, affaire Ousmane Gaoual Diallo.
La Lance : Les Forces vives de Guinée ont organisé le 4 août dernier une manifestation à Bruxelles. Quel était l’objectif de cette manifestation ?
Mamadou Aliou Baldé : L’objectif de la manifestation du 4 août était d’exiger, dans un premier temps, la libération des activistes de la société civile kidnappés et détenus dans un lieu tenu secret par la junte au pouvoir à Conakry. Le procureur de la République veut dédouaner le CNRD et la justice de l’arrestation musclée d’Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah tous membres du FNDC. Nous considérons jusqu’à preuve du contraire que ces deux compatriotes sont détenus par les autorités de la transition guinéenne. L’autre objectif de la manifestation : exiger le retour à l’ordre constitutionnel au plus tard le 31 décembre 2024 conformément à l’engagement pris par le CNRD devant les forces vives, les institutions de la République et la CEDEAO, mettre fin aux poursuites fantaisistes des leaders politiques, la libération de tous les détenus politiques.
Vous manifestez contre la junte, les partenaires, eux, saluent cette dernière pour son courage pour l’organisation du procès sur les crimes du 28 septembre 2009. Comment vous expliquez-vous ce décalage ?
Nous ne consultons pas la communauté internationale pour entreprendre ce qui est mieux pour notre pays. Encore moins pour agir face à l’urgence qui nous interpelle aujourd’hui. Notre inquiétude se situe sur le sort de nos compatriotes qui font face à un régime militaire déterminé à museler la presse, à installer un climat de terreur et de misère dans notre pays. Pour nous, l’organisation du procès des événements du 28 septembre 2009 est le devoir régalien de l’Etat Guinéen. Si les victimes sont rétablies dans leurs droits et que les responsables des massacres sont punis conformément à la loi, c’est une bonne chose. Mais cela ne constitue nullement une raison pour perdre de vue cette autre tyrannie qui s’installe.
N’avez-vous pas le sentiment que la communauté internationale fait deux poids deux mesures ? Le CNDD avait fait l’objet de beaucoup de pressions, le CNRD bénéficie encore de bien de grâce.
Nous avons cette impression. C’est d’ailleurs pour cela que nous allons intensifier nos actions sur le plan international pour faire comprendre aux partenaires de la Guinée que la situation décrite par la junte militaire est aux antipodes de la réalité que nos compatriotes vivent dans le pays. Expliquer aux Etats amis les violences, la persécution et la confiscation des libertés dont nos compatriotes sont victimes. Plus, nous allons faire le même exercice pour les citoyens de ces pays, car certains Etats ne disent pas souvent la vérité à leurs citoyens sur leur politique extérieure.
Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui disent que ce n’est pas à Bruxelles qu’il faut manifester mais à Conakry ?
Bruxelles est la capitale de l’Union européenne. Les décisions les plus importantes du monde se prennent ici. C’est ce qui explique la présence de toutes les puissances et de toutes les représentations diplomatiques du monde dans cette ville. C’est ici justement qu’il faut se faire entendre. Mais aussi en Guinée bien sûr où les Forces vives vont intensifier les manifestations. Croyez-vous que nous allons laisser ces gens ramener notre pays au précambrien ?
Le peuple va s’exprimer et les assassins payeront pour chaque Guinéen qui tombera. Nous disons au peuple de Guinée qu’il n’est pas seul, que ses frères et sœurs de la diaspora restent à ces côtés. Nous demandons aux citoyens d’obéir aux mots d’ordre des Forces vives de Guinée en toutes circonstances. Aux Guinéens vivant en Europe, rendez-vous à Bruxelles le vendredi 13 septembre à 15h au rond-point Schuman devant la Commission européenne, pour manifester et déposer un mémo au nom des Forces vives de Guinée.
Le retour d’El Hadj Cellou Dalein déchaîne les passions. Va-t-il revenir bientôt ou pas ?
Le président de l’UFDG va bientôt rentrer au pays. Nous avons presque terminé le renouvellement de nos structures à l’extérieur et à l’intérieur. C’est lui qui présidera le congrès du parti qui se tiendra très bientôt en Guinée. Et il est déterminé à diriger notre pays. C’est donc pour bientôt.
Un tribunal de Conakry a annulé récemment l’exclusion du ministre Ousmane Gaoual Diallo de l’UFDG. Quelle est votre réaction à cette décision ?
Notre justice ne nous rend vraiment pas fiers. Mais je ramène à ce monsieur la même réponse qu’il avait servie à Bah Oury quand celui-ci tentait de faire hier ce qu’il fait aujourd’hui : Il n’y a pas de mariage forcé. On ne veut plus de lui et personne ne peut nous obliger à travailler avec lui. À l’UFDG, nous nous battons pour des valeurs et des principes. Nous serons très bientôt au pouvoir et aucune personne animée par des intérêts égoïstes et malhonnêtes ne sera aux côtés du président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo.
Interview réalisée par
Habib Yembering Diallo