Après Chicago la semaine dernière, Cellou Dalein Diallo a réuni ses partisans à New York pour un meeting géant le 25 août. Le président de l’UFDG s’en prend cette fois-ci à l’Avant-projet de la nouvelle Constitution qui garantirait à Mamadi Doumbouya la possibilité de briguer la magistrature suprême. Au même moment, les soutiens de la junte appellent à une candidature de Mamadi Doumbouya.
Annoncé pour 14h, le meeting de Cellou Dalein Diallo dans le Bronx à New-York n’a finalement démarré qu’à 18h. La faute, le nombre élevé de personnes qui cherchaient à accéder au lieu de la réunion. Plus de 5 000 partisans ont voulu entrer dans une salle de seulement 1 800 places. La police américaine et les vigiles déployés à cet effet ont dû s’employer pour ramener le calme. 1 000 personnes ont été autorisées à entrer, le reste a fait le pied de grue dehors.
Le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée a fait son entrée peu après 17h, accompagné de son épouse et de certains responsables du parti. Devant une salle chauffée à bloc, l’opposant guinéen, déjà amer avec les autorités de la transition, s’en est pris à l’Avant-projet de la nouvelle Constitution, produit par le Conseil national de la transition, CNT. Cellou Dalein Diallo considère le texte comme taillé sur mesure, qui permettra au Chef de la junte d’être candidat à la prochaine présidentielle : « Rien n’empêche qu’on mette dans la constitution que les engagements qui avaient été pris dans la Charte seront respectés. La Constitution, une fois qu’elle est adoptée, va remplacer la Charte. Si les dispositions de la Charte ne sont plus dans la Constitution, on n’a rien à opposer à Mamadi Doumbouya s’il veut être candidat. » Le président de l’UFDG estime que les verrous tant vantés par le président du CNT, Dansa Kourouma, ne servent pas à grande chose. Selon lui, l’Avant-projet, à l’image d’autres actes posés par la junte comme la nomination des administrateurs territoriaux militaires, ressemble à une batterie de mesures qui facilite la chose au Chef de la junte : « On nous présente un Avant-projet de constitution dans lequel on refuse d’intégrer les dispositions interdisant les membres du CNRD d’être candidats. Or, on dit que c’est le ministère de l’Administration du territoire et les préfets qui organisent les élections. Ils ont pris le contrôle des Collectivités en mettant des Délégations spéciales partout, ils ont décidé que les chefs de districts et de quartiers vont être nommés par les gouverneurs. Si le patron de la junte est candidat en violation de son serment, de la Charte et de tous les engagements qu’il a pris publiquement, est-ce qu’il y aura élection ? On aurait sacrifié la démocratie. »
Cellou Dalein Diallo appelle ses militants à se mobiliser, pour barrer la route aux militaires : « Nous ne pouvons pas laisser faire. Il faut qu’on se mobilise, qu’on se batte pour la démocratie, l’État de droit car, malheureusement, notre combat n’est pas terminé. »
Karamo appelle à la candidature de Doumbouya
Pendant que Cellou Dalein Diallo fait des tournées aux Etats-Unis pour mettre en garde contre la dérive des autorités militaires en Guinée, les soutiens de Mamadi Doumbouya se mobilisent pour faire croire qu’il n’y a rien de mieux qu’une candidature du président du CNRD. Après certains artistes, c’est Cheick Souleymane Sidibé alias Karamo Solo qui affiche publiquement son soutien à une candidature de Mamadi Doumbouya. Celui qui se fait passer pour le père spirituel du Chef de la junte se dit déjà sûr de la victoire de son ‘’fils’’ : « Mes candidats préférés, ce sont les militaires. Les militaires, si vous voulez être candidats, présentez-vous, je vous ouvre la voie. Si les militaires se présentent, personne ne pourra les battre. Si le contraire se produit, je jure, au nom d’Allah, je laisserais le chapelet pour rejoindre les féticheurs. » ‘’L’érudit’’ dit être convaincu que le bilan du CNRD lui permet de participer à la prochaine présidentielle : « Ce que nous avons vu ces trois dernières années comme progrès, avions-nous vu cela auparavant ? Les choses sont vraiment difficiles en Guinée. Quand un travailleur arrive, s’il n’est pas de leur village, de leur tribu ou s’ils n’ont pas les mêmes intérêts, ils deviennent les ennemis jurés de ce travailleur. Or, pour combattre une décision divine, les gens doivent faire beaucoup attention, sinon Dieu finira par les maudire. »
Connu pour ses frasques notamment contre les responsables des Affaires religieuses de Kankan et les anciens dignitaires du RPG, Karamo Solo fait désormais de la candidature de Mamadi Doumbouya sa nouvelle priorité. Le Chef de la junte ne boudera sûrement pas son plaisir. Mais le réussiront-ils ? L’avenir nous le dira.
Yacine Diallo