Le sport, on n’en retient généralement que l’aspect ludique, récréatif, alors que maintes facettes mises sous le boisseau, contribuent significativement au progrès de la société. L’observation empirique et l’analyse épistémologique montrent une corrélation entre le sport et l’économie. L’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations, CAN 2023 de nos voisins Ivoiriens est une belle illustration de cette relation. A cette occasion, la « verdoyante et paisible » Côte D’Ivoire, dixit Nana Boigny (Félix Houphouët), s’est dotée d’une demi-douzaine de stades flambant neufs, pourvus d’équipement de pointe à faire noircir (ou blanchir) plus d’un Etat du continent. La construction de ces joyaux a requis un investissement lourd, conséquent. Mais cela a considérablement accru la visibilité de la Côte D’Ivoire, amélioré la qualité de son image et renforcé son branding national. La fin de la CAN ne doit pas signifier celle de l’exploitation des infrastructures qui, du reste, ne se réduisent pas aux constructions à usage sportif stricto sensu. Est-il imaginable que les compétitions de la CAN puissent se dérouler dans une ville dépourvue d’hôtels et de restaurants de standing international ou de cités expressément bâties pour la circonstance ? Ce sont donc de véritables complexes sportifs, économiques et culturels qui sont bâtis pour accueillir les participants de la phase finale de la coupe continentale des Nations. Pour éviter que ces gigantesques ouvrages ne soient que des éléphants blancs, il faut envisager un retour sur investissement idoine.
Si cette projection n’est pas sujette à caution en Europe, en Amérique du Nord et du Sud et en Asie, notamment dans les pays du Golfe, elle ne peut pas être mise en œuvre dans la plupart des Etats africains sans de sérieuses difficultés.
Il est évident que çà et là, les fédérations sportives ne mobilisent pas la même manne. Les recettes générées par les matches de football, par exemple, en Europe, en Amérique ne peuvent faire l’objet de comparaison avec les broutilles tirées des compétitions nationales ou internationales organisées sur les stades africains. Conscients de cette problématique, les responsables ivoiriens favorisent l’organisation dans leurs nouveaux complexes, des matches éliminatoires de la CAN 2025, opposant des Etats qui n’ont pas de stades homologués. C’est ainsi que des pays tels que la Guinée, le Burkina Faso, l’Ethiopie, le Burundi ont choisi de jouer leurs matches (aller-retour) sur les stades ivoiriens. De toute évidence, une partie des recettes de ces matches renflouera les caisses de la FIF, Fédération ivoirienne de football, alors que les restaurateurs et hôteliers feront quelques petites affaires juteuses. Outre ces compétitions de la prochaine CAN prévue au Maroc, ces complexes sportifs intégrant des réceptifs hôteliers de haut standing, dotés de toutes les commodités dont de luxueuses salles de conférence sont de nature à promouvoir et à développer l’industrie touristique dont on connaît la contribution inestimable au développement socioéconomique de certains pays. L’organisation de la CAN, en Côte D’Ivoire a renforcé à la visibilité de ce pays qui n’était déjà pas, convenons-en, dans la pénombre en la matière. Il y a bien longtemps que l’Hôtel Ivoire fait parler d’Abidjan et de la Côte D’Ivoire. On en voudra longtemps à nos dirigeants de nous avoir privés de notre CAN.
Abraham Kayoko Doré