À l’assemblée générale ordinaire du 22 février à Gbessia, le bureau politique du Rpg arc-en-ciel a soupçonné la junte d’avoir orchestré le kidnapping de l’activiste Abdoul Sacko. Il prête l’intention aux autorités de la transition de confisquer le pouvoir aux civils.

Abdoul Sacko, le coordinateur du Forum des forces sociales de Guinée (FFSG), kidnappé le 19 février à Cona-crime, a été retrouvé maltraité le lendemain dans le buisson de Forécariah. Le bureau politique du Rpg arc-en-ciel s’insurge contre ces actes et estime que les auteurs sont connus. « Quand un voleur entre dans le poulailler, dès qu’il commence à voler, toute la famille sort et crie. Le voleur s’empresse et laisse tout sur place. Voilà ce qui s’est passé. Nous devons tirer des leçons de la libération d’Abdoul Sacko. Tous les grands leaders politiques sont ensemble pour que le pays soit sauvé, car la situation est dangereuse. Si tout le monde se donne la main, rien ne peut nous empêcher de réussir. Si par le passé, on a arrêté des gens de façon arbitraire et qu’il n’y a pas eu de réaction, c’est que nous n’étions pas unis. Si nous restons unis, personne ne peut arrêter un citoyen de  façon illégale », croit Aboubacar Demba Dansoko, du bureau politique de l’ex-parti au pourboire. 

Les Rpgistes se félicitent des condamnations tous azimuts faites à la suite du kidnapping du coordinateur des forces sociales de Guinée. Pour Aboubacar Demba Dansoko, les yeux de la communauté internationale sont braqués sur la Guinée, car ce qui est en train de se passer « est de trop. Ceux qui sont en train de perpétrer les kidnappings sont connus, sont identifiés. Ils ont des familles, nous leur demandons d’arrêter cela, de cesser tout ce qu’ils sont en train de faire. Le crime, quelle que soit sa nature, la responsabilité est individuelle. Personne n’est obligé d’exécuter un ordre manifestement illégal. Laissez les citoyens tranquilles ! »

Mise en garde

Une forte délégation des autorités de la transition séjourne à Kindia depuis le 21 février dans le cadre d’une mobilisation en faveur du général Mamadi Doum-bouillant. Elle est conduite par le Général Amara Cas-marrant, le secrétaire général de la Présidence. Il a appelé les Guinéens à élire le général Mamadi Doum-bouillant dès le premier tour de l’élection pestilentielle. Le Rpg arc-en-ciel dénonce une « propagande » et met en garde le général Doum-bouillant. « Il y a des choses qui ne se diront pas dans ce pays. Le jour où quelqu’un ouvrira la bouche, après avoir prêté serment, pour dire qu’il veut aller à autre chose, il connaîtra le peuple de Guinée. Rendez le pouvoir aux civils ! Vous n’êtes pas faits pour gouverner. Le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) ne peut rien faire pour les Guinéens, il faut donc que nous revenions à l’ordre constitutionnel », préconise Dansoko. Pour lui, le CNRD n’a pas tiré les leçons du passé. Pourtant, rappelle-t-il, la junte s’était engagée à ne pas commettre les erreurs du passé. « Aujourd’hui, c’est le pire. Les mouvements de soutien à la junte naissent partout à travers le pays, or ce sont des mouvements de ce genre qui ont contribué à engloutir le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) de Moussa Dadis Camara. Ceux qui sont dans ces mouvements sont des clients, ce ne sont pas des militants », clame-t-il.  

« Cireurs de bottes »

Le bureau politique du Rpg arc-en-ciel accuse son ancien allié Alhoussein Makanéra Kaké « d’acheter » ses militants. « Les biens publics sont détournés, dilapidés. Aujourd’hui, pour bénéficier de la largesse de la junte, il faut cirer ses bottes. Nous ne ferons jamais la courbette. Un leader politique sûr de lui ne laissera pas ses militants pour s’adresser aux militants d’autrui. C’est honteux. Il doit faire un examen de conscience. Au lieu de faire la promotion de leur parti, ils font la promotion d’un putschiste. Si vous savez que vous êtes incapable de conquérir le pouvoir, arrêtez l’hypocrisie ! », invite Aboubacar Demba Dansoko.

Yaya Doumbouya