Les villes, mes amis, sont comme des rêves. Plus elles sont pleines de poussière et de promesses, plus elles semblent grandes et prospères. Mais si vous regardez bien, la capitale Cona-cris est un monument de contradictions. C’est une ville où les grilles des palais scintillent, mais où les ventres criants famine ne trouvent pas de place à table. Un spectacle d’abondance en carton, qui brille sous les projecteurs, mais laisse l’ombre de la misère s’étendre sur le quotidien des citoyens. Qui aurait cru qu’on vivrait dans un endroit où la faim est aussi omniprésente que l’air ambiant, mais où on étale le tapis rouge à la propagande ?

La justice, normalement, c’est une dame sage aux yeux bandés pour ne pas succomber au favoritisme. Mais chez nous, la justice a retiré son bandeau, et elle n’a d’yeux que pour le pouvoir. Et ça, mes amis, ce n’est pas de l’impartialité, c’est de la comédie. Comme une vieille balance de cuisine qu’on utilise pour peser des sourires et des promesses, mais qui oublie de mesurer la douleur des victimes. C’est une scène digne du théâtre de l’absurde, où tout le monde attend que la vérité passe… mais elle n’a pas de billet.

Ah, puis il y a ce personnage qui est devenu une légende, l’homme au destin tortueux : Dadis-le-juge. Qui aurait cru que le héros du feuilleton politico-judiciaire allait finir par devenir l’acteur principal de ce drame sans fin ? Le voilà accusé de crimes contre l’humanité, et sa cour, un vrai spectacle de cirque où le temps semble s’étirer plus lentement que le chewing-gum dans la chaleur étouffante de Cona-cris. Mais lui, il est serein, comme un fakir. « Vous allez me libérer devant tout le peuple, si Dieu existe », disait-il. Et Dieu, manifestement, existe… surtout quand un décret présidentiel tombe du ciel comme une pluie de bénédictions.

Le verdict ? La grâce présidentielle. Pas de jugement, juste un décret royal qui le rend libre. Les avocats ? Silence total. Les victimes ? Elles ont dû entendre ce décret, mais dans quel monde vivaient-elles donc ? Un décret qui remplace la justice et la vérité… Ah, mais à quoi bon s’embêter avec des procédures, quand on peut sortir en un clin d’œil du casse-tête judiciaire ?

Dadis, lui, n’a même pas eu le temps de réfléchir. Il a juste dû se dire : « Ah ben dis donc, ça c’est un coup de chance ! » Et libre comme l’air, il poursuit son chemin, laissant derrière lui un peuple perplexe qui se demande si, par hasard, ce décret présidentiel, que dis-je providentiel, n’aurait pas mis la justice en vacances.

Et pendant ce temps, la propagande se gorge de louanges, brille, danse. La télévision nationale ? Un fan-club géant. Les ministres ? Des griots modernes, bons à chanter les louanges du roi. Et que dire du grand libérateur, qui, en un tour de passe-passe, se transforme de président de transition en « homme providentiel ». Ah, les effets secondaires du pouvoir sont fascinants, non ?

D’un coup, le serment écrit noir sur blanc dans la Charte de la transition devient un papier froissé, pour ne pas dire du papier toilette. Mais la question qui se pose : à quoi sert un serment, au final ? Et la parole d’un « minustre », qu’est-ce que ça vaut aujourd’hui ? Pipi de chat ?

Mais ne vous inquiétez pas, mes amis, pendant qu’on nous berce avec ce feuilleton électoral, un autre phénomène encore plus inquiétant se propage : l’exclusion. Et comme dans toute bonne pièce de théâtre, la propagande ne fonctionne que si personne ne la remet en question. Le jeu de l’illusion continue.

Alors, chers compatriotes, si vous rêvez de justice et de démocratie dans ce pays, prenez votre mal en patience… Et surtout, gardez la télécommande à portée de main, car ce feuilleton-là, mes amis, est loin d’être terminé. À Fakoudou !

Sambégou Diallo

Billet

Médaillé en galère

Wallahi, si la galère était aux JO, on aurait l’or, l’argent et le bronze ! Ce matin, un gars en costard a couru derrière un taxi comme si c’était la dernière place pour le paradis. Il a crié, supplié, promis de payer triple… mais le chauffeur, imperturbable, a accéléré. Hé kéla ! Depuis quand faut-il un CV pour monter en taxi ? Bref, si on ne rit pas, on pleure. Alors autant rire… en courant après le prochain !

Billet

Voleur c’est pas voleur

On vole les milliards

On vole les élections

On vole les budgets

On vole les routes

On vole les espoirs

On vole même le sommeil des pauvres

Mais on attrape seulement ceux qui volent des cacahuètes

Et on les tabasse bien.

Vraiment, la justice a de ces balances…

Billet

Chronologie bien rythmée

Indépendance en octobre

Coup d’État en septembre

Examens scolaires en juin

Cherté de la vie en janvier

Manque d’eau en mars

Manque d’électricité en avril

Coupures d’internet en août …

Alors, galère pour chaque mois

Billet

Guinée, terre de paradoxes 2

On détourne les milliards, on applaudit.

On vole un poulet, on te lapide.

On triche aux élections, on te félicite.

On vend le pays, on te décore.

Mais si tu piques un sac de riz,

On t’offre une correction gratuite,

Avec option « coups et blessures ».

Vraiment, ici, mieux vaut être un grand voleur qu’un petit affamé.