Après une pause de près de deux mois, le Mouvement Démocratique Libéral a tenu son 5e sit-in, le samedi 26 avril, à son siège national à Nongo. Occasion pour le parti d’exiger non seulement la libération de son président Aliou Bah incarcéré depuis quatre mois pour offense à Mamadi Doumbouya, mais également celle des autres détenus et ou disparus politiques à l’instar de Foniké Menguè et Billo Bah du Front national pour la défense de la constitution.
À travers cette nouvelle manifestation, le MoDeL veut demeurer solidaire à son président qui devrait être situé sur son sort le 28 mai prochain. Condamné à deux ans de prison ferme en première instance, pour offense et diffamation envers le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, Aliou Bah a relevé appel devant la Cour d’appel de Conakry. Mais il risque plus gros, à voir le procureur général Fallou Doumbouya requérir une peine de cinq ans contre le prévenu qui paie pour ses critiques de la conduite de la transition.
Le porte-parole du Mouvement démocratique libéral, Moïse Diawara, a dénoncé, en marge du sit-in du 26 avril, un « mépris et stigmatisation » des autorités contre son président. « Ses compétences, son intégrité et son patriotisme sont les raisons pour lesquelles il est détenu depuis quatre mois à la Maison centrale, selon lui. Nous sommes convaincus de son innocence face à cette persécution politique, qui se traduit par un procès juridiquement contestable. »
Moïse Diawara appelle à maintenir la pression. « Certaines circonstances éprouvent notre degré de conviction et de détermination à soutenir nos choix. Notre leader représente un espoir pour la nouvelle génération, ce qui dérange ses détracteurs qui cherchent à l’isoler et à l’exclure du processus électoral. Pourquoi renvoyer le verdict au 28 mai, si ce n’est pour des raisons illégales ? », s’est-il interrogé, tout en appelant à rester déterminés face aux tentatives d’instrumentalisation de la justice et des vélléités de confiscation du pouvoir.
« Cabale judiciaire »
Mamadou Malal Sow, chargé des affaires juridiques et du contentieux du parti, voit en ce procès l’opportunité de jauger la crédibilité de la justice guinéenne. D’ores et déjà, il parle d’une « cabale judiciaire » montée contre Aliou Bah: « Notre président est victime d’un harcèlement politique. Juridiquement, le dossier est vide. Les avocats d’Aliou Bah ont démontré que l’infraction retenue contre lui n’a aucun fondement légal. Lors de la dernière audience, ils ont plaidé et prouvé son innocence ».

Le procureur général Fallou Doumbouya a requis une peine de cinq ans de prison ferme contre Aliou Bah, initialement condamné à deux ans de prison en première instance pour « offense au chef de l’État ». Ce qui n’entame pas l’engagement des militants du MoDeL, qui se disent solidaires de leur leader, quelle que soit l’issue du jugement. « Le sit-in vise à préparer les militants et les citoyens épris de justice. Nous privilégions des actions pacifiques pour dénoncer l’injustice et l’illégalité de la situation. Le but est de lancer un message en vue de la mobilisation du peuple. Le 28 mai, jour du verdict, sera une sorte de finale. Si nous sommes autorisés à entrer dans la salle, nous y serons avec discipline, calme et paix. Dans le cas contraire, nous resterons dehors, toujours déterminés. Nous devons soutenir Aliou Bah », plaide Ibrahima Diallo, responsable de la communication du Mouvement démocratique libéral.
Abdoulaye Bah