Une pénurie de gaz butane perdure depuis des semaines à Conakry, au grand dam des fournisseurs et consommateurs. Le Fonds d’appui à la promotion des gaz (FAPGAZ S.A) dément toute pénurie et parle « d’allégations erronées. » Constat…
Y a-t-il une rupture de gaz butane à Conakry ? Les plaintes des fournisseurs, les demandes incessantes des consommateurs se sont multipliées ces derniers temps. Guinée GAZ, le leader de l’importation et de la distribution du gaz butane en Guinée, est fermé. Il serait en mauvais termes avec les autorités de la transition, notamment FAPGAZ S.A, le régulateur.
Le 5 mai, nous avons constaté une pénurie de gaz dans plusieurs points de vente à Conakry : marchés et stations-services. À Taouyah, commune de Ratoma, seules quelques bouteilles de YA!GAZ sont disponibles. Ce dernier dispose de son propre réseau de distribution et traite directement avec les revendeurs, sans passer par de sous-traitants. Avec une clientèle réduite, il n’y pas d’affluence.
Par contre, les usagers des bouteilles de Guinée GAZ, plus nombreux, ne cessent de défiler devant le magasin de Thierno Mamadou Aliou Bah : « La rupture est de plusieurs semaines. Certains fournisseurs de gaz distribuent peu, comme YA!GAZ. Mais, d’autres sont fermés, comme Guinée GAZ. Nous avons appris qu’ils ont des problèmes avec l’État. Guinée GAZ dispose plus de clients que les autres fournisseurs. Maintenant, la rupture est presque totale. Nos clients souffrent, nous aussi, car vendre ou pas, les charges financières restent les mêmes ». Déjà, une quarantaine de demandes de gaz sont enregistrées sur son comptoir. Tout le monde espère la reprise, sans délai, de l’approvisionnement. Pour l’heure, les prix officiels du gaz butane restent maintenus, mais « tout peut basculer », prévient Thierno Mamadou Aliou Bah. C’est la loi de l’offre et de la demande.

Souaïbou Barry, restaurateur, ne sait plus où donner de la tête : « Cela fait deux mois que le gaz butane manque en Guinée, ça impacte beaucoup nos affaires. Nos condiments pourrissent parfois, car il est difficile de cuisiner au charbon comparativement au gaz. Nous demandons au gouvernement de régler la situation. »
Flou artificiel, langue de bois
Alhassane Diallo, agent fournisseur à Coyah, déplore que les rares centres d’emplissage ne chargent qu’un seul camion pour un fournisseur : « On ne peut pas en avoir plus. Guinée Gaz, ayant des centres emplisseurs de Gaz partout, ne travaille plus. J’ai passé deux mois à la maison ».
Dans un communiqué du 4 mai, la Direction générale du Fonds d’appui à la promotion du gaz dément toute rupture en Guinée. Elle dénonce une « désinformation, des allégations erronées ». FAPGAZ S.A « assure régulièrement » l’approvisionnement des opérateurs gaziers, chargés de la distribution du produit auprès des consommateurs. Même que, le 25 avril dernier, le régulateur a supervisé au Port autonome de Conakry l’accostage du navire Gaz Diamond, avec à son bord 600 tonnes métriques de gaz butane. « Une partie de cette cargaison, déjà stockée, constitue une réserve suffisante pour couvrir la consommation moyenne du mois de mai. Il revient désormais aux opérateurs gaziers agréés de se ravitailler afin d’assurer la disponibilité effective du produit auprès des usagers, dont le nombre ne cesse de croître », précise le communiqué. Ce dernier conclut qu’un autre butanier est attendu à Conakry avant la fin mai.
Alpha Kabinet Kaba, le responsable de contrôle et vente chez FAPGAZ, joint par notre rédaction, confirme : « La société Guinée GAZ est effectivement fermée. Mais il y a des gaz partout. Les bouteilles Ya!Gaz, celles de Kama S.A et autres sont disponibles à travers le pays ». Sûrement, les bouteilles vides.
Yaya Doumbouya