Au cours des manifestations de l’opposition respire-lacrymogène ce 14 mars, nos forces (d’in)sécurité se sont illustrées par l’usage disproportionné de la violence sur les manifestants. Outre les trois jeunes tués et la dizaine de blessés dont la plupart par balles, bon nombre d’ados et de bambins ont été mis aux arrêts et déposés dans différents escadrons de la zone de l’Axe. Eh bien, ce jeudi 15 mars, une quinzaine de mineurs dont au moins une fille de 13 ans ont été transférés et écroués à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie, dans l’après midi. Ces mineurs viendraient pour la plupart de l’ECO5 de Wanidara, accusée d’être à l’origine des meurtres des deux manifestants dans ce quartier. Ces ados y éliront domicile les prochains jours, du moins jusqu’à ce qu’ils trouvent quelque chose à mettre dans la bouche des flics. En tout cas selon la version d’un bidasse en service à l’ECO5 de Wanidara : « Ils ne sont plus sous notre responsabilité. Mais ne craignez rien ils vont être libérés dans les prochains jours. Ils veulent juste les effrayer ». Les effrayer, ce n’est pas l’argument qu’avance un autre flic. Il n’a pas hésité à dire que les gamins ont été transférés parce qu’ils n’ont pas racheté leur liberté : « Vous n’avez pas accepté de payer (ECO5 de Wanidara), vous payerez ici le double ou le triple de ce qu’on vous a demandé, dit-il, à la maîtresse de la fille.
Payer pour recouvrer la liberté est devenu le gagne-pain de certains flics. Pour ce cas précis, le même bidasse indique que les ados dont les parents ont accepté de mettre la main à la poche auraient été tout bonnement libérés. Ceux qui ont été déposés à la maison centrale sont ceux qui n’ont pas trouvé quoi donner aux agents des forces de (dés) ordre ou ceux dont les parents n’ont pas été vus. Selon une proche d’un des détenus, la somme de 300 000 milles francs glissants lui aurait été demandée. Elle n’a pas pu réunir cette somme, son parent se retrouve désormais à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie. Pire, dans le dernier convoi, deux ados ont été libérés au portail principal de la maison centrale : « Nous nous sommes compris avec les chefs », dit le frère des gamins, sans vouloir en dire plus. Ce qui est sûr, c’est qu’il a retrouvé ses petits frères après un bref entretien avec ces responsables. Les autres aussi devraient forcement passer par la case finances, ou attendre le prochain accord politique. Le ridicule ne tue pas en Guinée.