Le 29 avril à Conakry, le président Alpha Condé a déclaré sans gêne, lors d’une rencontre avec les diplomates guinéens à l’étranger qu’un « investisseur » lui a soutiré 300 mille dollars, soit environ 3 milliards de francs guinéens. Pour disparaître. Pire, le Président Condé précise que l’argent est sorti de sa poche, mais accuse le gouverneur de la Banque Centrale de l’avoir encouragé dans « la mafia ». La Banque Centrale n’est-elle pas devenue la poche d’Alpha Condé ? Rien n’est moins sûr. En tout cas, il n’a pas dit avoir demandé des comptes au gouverneur de la Banque Centrale, à ses éventuels démarcheurs ou complices. L’arnaqueur a-t-il disparu ? Certains n’y croient pas, du fait de l’ère du numérique (la biométrie surtout) et où le monde est devenu un village planétaire. Ils croient qu’avec une petite volonté, les services de sécurité auraient pu mettre le grappin sur le voleur de nos sous. Hélas, l’impunité, le manque de souci des autorités d’investir dans des projets de développement, laissent les populations dans la pauvreté. Par quels moyens a-t-on payé cet éventuel investisseur ? certainement en espèces. Les virements, les cartes bancaires, c’est trop lent, trop compliqué. Les dossiers des investisseurs ? difficiles à éplucher. La faute revient à diplomates. Il va falloir doter nos ambassades de détecteurs de mensonge et de scanners pour terroristes économiques.

Lisez avec nos confrères demediaguinee.comles propos du Président de la République 

 « Tous les jours, des gens viennent me voir pour dire tel ou tel est prêt à investir des milliards. C’est ce qui m’est arrivé l’autre fois avec un monsieur. Lorsque je reçois ce monsieur, à la fin, il me dit : garantie souveraine. Garantie souveraine, ça veut dire que je prends le risque à sa place, s’il ne peut pas payer, c’est moi qui paye. Si vous faisiez bien votre travail, je serais moins fatigué et moins envahi, parce qu’aujourd’hui, je suis envahi de propositions venant de tous les côtés et ça joue sur moi. On m’a même escroqué récemment ici et je sais que le gouverneur de la Banque Centrale le sait. Il y a un homme d’affaires qui est venu et qui a fait des propositions mirobolantes, mais il fallait lui payer 300 mille dollars. Le gouverneur de la Banque Centrale m’a dit : « Président, paye, paye ». J’ai pris de ma poche pour payer les 300 000 dollars. Depuis lors, le monsieur a disparu et on ne l’a plus revu (rires). Donc, réellement, moi, j’insiste sur votre rôle économique. C’est pourquoi, j’ai exigé qu’on vous donne bien avant ladite conférence, les copies des conférences de presse des ministres. Parce que beaucoup d’ambassadeurs aussi ne connaissent pas les réalités du pays et je suis parfois très déçu quand je vais dans les pays et que je vois certains de nos ambassadeurs. Ils ne jouent pas vraiment parfois leurs rôles (…) Mais aussi il y a un grand scandale, beaucoup d’ambassadeurs avant ont vendu les biens de l’Etat. Le président Sékou Touré a eu une vision très élargie, il a acheté les ambassades partout, on n’avait pas de problème de terre, on n’avait plutôt des problèmes de bâtiment. Mais beaucoup d’ambassadeurs se sont mis à vendre les bâtiments en complicité avec le Ministère des Affaires Etrangères. Moi, je veux qu’on se parle franchement (…) Il faut que les ambassadeurs aient le courage aussi de poser les difficultés qu’ils ont pour qu’on puisse voir comment, progressivement, on peut résoudre ces difficultés. Ils doivent avoir un langage franc, ce ne sont pas les ministres qui signent les décrets, c’est moi qui les signe. Donc, n’ayez pas peur de poser vos difficultés… »

En attendant c’est plutôt les citoyens qui étalent leur franc parler sur les réseaux sociaux suite à ces propos. Nos grandes muettes (justice, opposition), elles, semblent regarder ailleurs.

Mamadou Adama Diallo