C’est un secret de polichinelle, le parti au pouvoir veut soumettre aux Guinéens une nouvelle Constitution pour permettre à leur champion de grimper à la tête du bled pour au moins cinq ans. Un projet rejeté par une bonne partie de l’opinion publique, de la classe politique ou encore de la société civile. Acteurs politiques et leaders de la société civile se mettent donc en ordre de bataille pour barrer la route au tripatouillage de la Constitution. Ce 23 mai, à la maison commune des journaleux, c’est le parti ARENA, Alliance pour le renouveau national qui s’est invité dans la danse. Son patron, Sékou Kouressy Condé a bavardé une heure durant sur la problématique de la réforme constitutionnelle en Guinée.
Après avoir rappelé poing par point les étapes franchies par les membres du CNT pour l’adoption cette Constitution en 2010, l’ancien médiateur de roue-publique a admis que du point de vue juridique, le prési Alpha Grimpeur a la latitude de proposer un nouveau texte pour un référendum : « Le débat est occulté. La réalité, c’est que nous sommes un peuple majeur, capable de faire le discernement, mais nous sommes dans la passion. C’est pour cette raison que nous avons dit que la lecture de notre Constitution s’impose. Ceux qui pensent que la Constitution de 2010 est insuffisante ont raison, mais ceux qui pensent qu’elle est inappropriée ont tort. Ce texte était consensuel et souverain. Que la question de sa modification se pose est un débat logique, du point de vue du droit…Le président de la république peut organiser un référendum. Juridiquement c’est inattaquable ».
Mais le souci de l’ARENA, c’est le contenu de cette nouvelle Constitution. Sékou Kouressy Condé appelle à la mise en place d’un organe consultatif légitime : « S’il doit y avoir une nouvelle Constitution, l’ARENA doit participer aux débats. Dans le contenu de cette nouvelle Constitution, nous ne voulons pas d’une présidence à vie. Nous voulons l’équilibre des pouvoirs, la création d’un pouvoir parlementaire. La Constitution ne peut pas appartenir à un parti politique. Nous proposons la mise en place d’un organe consultatif pour des propositions innovantes ».
Le prési de l’ARENA a cependant levé tout équivoque quant à l’éventuel troisième mandat pour le Grimpeur : « Pour moi la question ne se pose pas. La Constitution ne parle pas de 3e mandat. Nous ne reconnaissons pas un 3e mandat sous quelque forme que ce soit. Nous voulons un Etat stable et démocratique. Mais nous sommes intéressés par une nouvelle Constitution parce que nous avons des choses à dire »
Yacine Diallo