Dans une déclaration rendue publique le dimanche 26 mai, le président de l’Union des Forces Démocratiques, Mamadou Bah Baddiko a dénoncé « la brutalité et la hargne » du gouvernement lors du déguerpissement des riverains de la décharge de Dar-Es Salam la semaine dernière.
Selon ce leader politique, aucune urgence ne justifie ces opérations aux graves conséquences humanitaires, en plein mois de Ramadan et à l’orée de la saison pluvieuse. « En fait, tout se passe comme si le gouvernement était pressé d’administrer, non pas une simple punition à des gens qui se sont retrouvés en marge de la loi, mais plutôt un véritable châtiment. Malgré toutes les suppliques des populations concernées et les appels de toutes sortes à la raison et à la responsabilité, le gouvernement se montre totalement insensible aux malheurs du petit peuple, traité avec arrogance et mépris. Pour seule réponse, le pouvoir corrompu et incompétent, rejette la responsabilité de leurs malheurs sur les victimes de sa politique anti-populaire, comme à Dabondy où le déferlement nocturne d’ordures a fait récemment 5 morts».
L’argument avancé par Ibrahima Kourouma, le ministre de la Ville et de l’Aménagement du Territoire pour déguerpir les 200 familles, c’est de leur éviter un autre éboulement similaire à celui d’août 2017 qui a coûté la vie à près de dix personnes. Une thèse qui n’a pas convaincu Baddiko. Pour lui, les actions en cours ne contribuent pas à la résolution positive des problèmes urbanistiques vieux de plus de 60 ans. Au contraire, elles aggravent la misère des populations. « Une aide immédiate aux victimes des déguerpissements, le recasement puis l’indemnisation correcte, sans exception de tous les déguerpis, l’arrêt immédiat des démolitions jusqu’ à la fin de la saison des pluies et la confection d’abris provisoires en cité de transit pour les habitants exposés aux éboulements en saison de pluie, la publication immédiate des sites concernés par le programme de déguerpissement sur toute l’étendue du territoire et le calendrier de déguerpissement, des poursuites judiciaires en responsabilité civile et pénale contre les agents de l’administration ou des communes ayant délivré des documents illégaux d’occupation du domaine public, l’intensification des actions de sensibilisation des populations installées dans des zones insalubres et dangereuses ».
A en croire Baadiko, l’UFD aurait fait des propositions au gouvernement allant dans le sens d’éviter de rallonger la liste des victimes. Malheureusement les promesses prises à cet effet non pas été respectées explique t-il. « Dans un communiqué du conseil des ministres en date du 14 mars 2019 le gouvernement, certainement pour donner le change, avait repris en grande partie les propositions faites par l’UFD dans notre communiqué publié le 13 mars 2019. Mais toutes ces belles promesses, comme toutes celles que fait le pouvoir, sont restées lettre morte ». C’est pourquoi, cette fois-ci, il appelle à une mobilisation populaire pour contraindre le gouvernement à se plier à ces exigences.
Lébéré Baldé