Après un mois de récréation forcée, les élèves ont enfin repris le chemin des classes. Ce 19 mars, à 7 heures, les élèves du secondaire, public et privé de Conakry, ont rallié leurs écoles d’origines, arborant leurs uniformes habituels. A 8 heures, élèves au lycée Donka, enseignants et élèves se précipitent à l’entrée des salles. Le proviseur, Mama Kany Camara, lance ces mots : « c’est un proviseur très heureux qui vous reçoit ce matin parce que notre vie c’est à l’école. Quand cette école ne fonctionne pas, nous en sommes malades. Ce matin, 90% d’élèves et enseignants sont présents. Nous prions le Tout-Puissant Allah, qu’il nous épargne de ce genre de chose (NDLR: la grêve). Nous disons plus jamais ça ! Qu’il y ait beaucoup plus de compréhensions, que les autorités puissent prévenir, parce que gouverner c’est prévoir », explique-t-elle.
Dame Mama Kany Camara déplore la négligence dont ont fait preuve des responsables : « Cette crise, tout le monde l’a vue venir, mais très malheureusement tout le monde a croisé les bras alors qu’il y avait une solution en vue. Mais Dieu merci le président de la République a fait preuve de grandeur d’esprit. Il s’est mis à sa place et tout le monde est satisfait », a-t-elle ajouté avant de saluer la « bravoure » et la « détermination » de son camarade Aboubacar Soumah. « Sans détermination, il n’aurait pas pu tenir parce que la pression était très grande. Soumah a réussi à se faire entendre, je prie Dieu qu’il réussisse à négocier d’autres échéances», souhaite la dame. Pour elle, la revendication syndicale demeure perpétuelle.
« Quand un enseignant tombe malade, c’est avec ce maigre salaire qu’il se traite. Alors que les travailleurs de sociétés privées sont bien payés, en surplus : une prise en charge sanitaire. Que nous le gouvernement pense désormais à la prise en charge sanitaire des enseignants et à les aider à obtenir des terrains », plaide dame Mama Kany Camara.
Sékou Konaté, élève en classe de 11e année, Science mathématique, exhorte ses camarades à reprendre le chemin de l’école. « A l’école, on y trouve notre destin. Un élève bien instruit, peut contribuer à lutte contre la délinquance », pense-t-il.
Ibrahima Traoré, élève en terminale Science mathématique, considère la grève comme un mal nécessaire. « Les cours étant perturbés pendant un mois, on ne faisait que des exercices. Cela nous a retardés dans le programme. Les enseignants guinéens travaillent dans des conditions très pénibles. Pour moi, l’obtention d’une suite favorable de leur revendication c’est vraiment salutaire. Je salue la détermination et le cœur du syndicaliste Aboubacar Soumah », dit-il.