Depuis plus d’une semaine, les riverains de la décharge de Dar-es-Salam sont menacé de déguerpissement. Le ministère de la ville et de l’aménagement du trottoir les accuse de refuser d’évacuer les lieux, alors qu’ils aurait été dédommagés par l’Etat en 1997. Antoine Lamah, le porte-parole des occupants dément formellement cette affirmation. Selon lui, l’Etat est tout simplement en train de les confondre à ceux qui ont été dédommagés à l’époque. «Il y a eu de l’injustice. Celle de dire à tout le monde, que nous avons été déguerpis et indemniser trois fois. Par après, on est venu se réinstaller ce qui est archi-faux. Ils veulent nous assimiler aux indemnisés de 1997. A l’époque, ils ont déguerpis des gens ici, puis, ils les ont indemnisés dignement. Pourquoi on ne veut pas faire la même chose chez nous ? Nous ne sommes pas des guinéens ? Les gens-là sont plus que nous ? Donc, on ne peut pas nous faire peur ici. Cette terre, c’est la terre de nos ancêtres. Nous sommes tous des guinéens et aucun guinéen ne pourra nous faire peur chez nous ».
Selon des listes exhibés par Antoine Lamah, datées du 23 février et du 20 mai 1997, près de 215 personnes auraient été recensées et dédommagées pour des montants variant de 392 282 francs guinéens à 10 273 995 francs guinéens. Le porte-parole indique par ailleurs, qu’avant la diffusion du communiqué d’Ibrahima Kourouma, ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire, les invitant à libérer les lieux, 20 millions de francs guinéens leur a été proposé à chacun, à titre de compensation. Une somme jugée insignifiante face à leurs besoins. « Avec 20 millions, tu ne peux pas avoir un terrain, à plus forte raison, avoir une maison digne de ce nom. Si l’Etat pense que 20 millions peut arranger les gens, alors qu’il prenne cet argent pour aller chercher des terrains, contruire des bâtiments et nous donner les clés. Quand cela sera fait, à ce moment nous quitterons les lieux». Même son de cloche du côté Mamadou Yéro Bah. Agé de plus d’une soixantaine d’années, couché sur une natte à sa terrasse, difficile de le faire réagir par rapport au malheur qui le guette. Ne sachant plus quel saint se vouer, il dit s’en remettre à Dieu.
Lors de la première menace de déguerpissement en 2017, la plupart des locataires de maisons dans les périphéries de la décharge ont déménagé. Parmi ceux qui sont restés, il y a Naby Yéro Diallo. Contrairement à ses prédécesseurs, il prie l’Etat de respecter leur droit à la propriété. « Nous sommes des citoyens guinéens. On est né en Guinée, on vit ici. C’est à l’Etat de voir notre position. On paie les factures d’eau, d’électricité. C’est à l’Etat de voir s’il peut nous faire sortir sous la pluie, il n’a qu’à le faire. Cela reste entre eux et Dieu ».
Lébéré Baldé