Pour éviter les traditionnelles fuites aux examens de fin d’année, le baccalauréat notamment, les autorités en charge de l’Éducation Nationale ont organisé des ateliers régionaux préparatoires de la session 2019. A l’issue des travaux, de graves recommandations ont été élaborées et doivent être, à présent, à l’étude au Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation. Dans le pire des cas, dans les tiroirs ou en phase d’exécution. Elles portent en particulier, sur « l’interruption des réseaux sociaux (Messenger, Imo, WhatsApp, Facebook, Viber et Instagram), de 9 h à 16 h, jusqu’à la fin des évaluations ».
Une telle proposition, issue des travaux d’un ensemble de cadres éminents de notre système éducatif, est tout simplement inquiétante. Elle dénote la légèreté et frise l’ignorance. Les animateurs des ateliers régionaux de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation n’ont pas l’air de savoir que la gestion d’Internet en général, Messenger, Imo, WhatsApp, Facebook, Viber et Instagram en particulier, n’est nullement à leur portée. Ces outils fondamentaux de la liberté d’expression sont si importants pour la liberté et le droit individuels et collectifs, consacrés par l’article 7 de la Constitution, que nos lois les ont placés hors de portée des décisions et recommandations de tout séminaire ou atelier. Qu’ils notent une fois pour toutes que l’atteinte à la liberté d’expression ne doit pas relever d’un atelier, ni régional, ni national. Si l’on profite du vrai et important problème de fuites au Baccalauréat pour y toucher, qu’adviendra-t-il de la liberté d’expression en Guinée quand on brandira les arguments habituels de sécurité nationale pour chercher à marcher sur les plates-bandes de la démocratie ?
Il est inquiétant de constater qu’en haut lieu, on ne tire presque jamais de leçons de nos erreurs du passé. Les Guinéens continuent de mourir des ordures alors qu’à l’issue d’un conseil des ministres, le Gouvernement de M. Kassory Fofana avait décidé de sortir lui-même pour superviser l’opération «Conakry-ville propre.» Il est effectivement sorti, tout le monde l’a vu, la pelle à la main. Sans s’être assuré au préalable que l’on ne peut pas ramasser efficacement des ordures sans une décharge publique. Il en est de même pour la suppression d’internet à l’occasion des examens du Baccalauréat. Il faut tout simplement interdire le téléphone dans les salles d’examen. Et vous assurer que les surveillants sont des surveillants.