A l’instar des autres bleds du monde, la Guinée a célébré la Journée internationale des nounous ce 8 mars. L’esplanade du Palais du peuple de Cona-cris a abrité la cérémonie festive, avec du boucan. Les nounous des différents mystères, drapées dans des pagnes indigo du bled communément appelés « Kerdéli », ont fait le plein du coin, dès les premières heures de la matinée. La partie a été animée par les « Amazones de Guinée », sous un soleil de plomb.

A 12h 30, le prési Alpha Grimpeur a pointé du nez, précédé de quelques minutes par sa douce moitié, Hadja Djènè Kaba Condé, et son premier des ministres, Mamady Youyou. Dès son entrée, les fêtardes ont lancé des slogans hostiles à l’invité d’horreur. Furieuses contre la fermeture des classes due à la grève du SLECG d’Aboubacar Soumah, les femmes ont réclamé la reprise des cours, dans tous les coins et recoins de l’esplanade : « Nos enfants, à l’école ! Nos enfants, à l’école ». D’un coup, le silence est revenu. Bizarre ! Les minutes suivantes, défilé des nounous, tour d’honneur du Grimpeur, tout sourire. Seulement voilà ! Les slogans contre lui ont repris de plus belle : « Nos enfants, à l’école ! »

Peu après, Alpha Grimpeur prononce son laïus, un peu inattendu par rapport aux années précédentes. Il donne raison aux femmes et jeunes remontés contre lui, leur affirmant qu’il n’avait pas la bonne information. « Je vais dire d’abord aux élèves et aux jeunes de Guinée que la jeunesse à toujours raison, en tant que professeur, ensuite en tant que Président. Ce n’est pas en tant que gaieté de cœur que je vois les enfants rester à la maison sans aller à l’école. Mais je vais dire “Bismillahi Rahmanirahime”. Cela veut dire que la vérité, grâce à Dieu, finira par triompher et les jeunes sauront pourquoi ils ne vont pas à l’école, le responsable sera connu » promet-il. Ajoutant, qu’il va commencer dès ce 8 mars, à écouter la majorité silencieuse, qui n’est rien d’autre que les femmes et les jeunes : « Je vous promets que je vais consacrer ces jours à rencontrer les magistrats, les médecins, les transporteurs, les femmes et les jeunes. Après, je prendrais mes responsabilités. Je vais refaire un Gouvernement de ministres responsables à l’écoute du peuple, qui seront près du peuple, qui pourront informer correctement le peuple et qui pourront également informer directement le Président de ce qui se passe, parce qu’ils ne sont pas là pour rester dans les bureaux. »

Pour terminer, il a promis, une fois encore, « en tant que Président de ce pays, garant du développement de la jeunesse » de prendre ses « responsabilités ».

Les musiciennes, chanteuses et danseuses du groupe « Les Amazones de Guinée », « les Zawagui » et celles du « Groupe Djouri Djama », auteures du titre « Tourou Tourou », et deux autres nounous ayant été formées sur la saponification et la teinture, ont bénéficié d’une somme importante de sous de la part du Grimpeur. Les syndicaleux apprécieront.

Des activistes empêchées d’assister à la fête

Aux environs de 11h, des nounous de la société civile, des journaleuses souhaitaient exprimer leur indignation suite aux violences conjugales que subissent les mariées, ont été empêchées de défiler sur l’Esplanade du Palais du peuple. Elles portaient des tee-shirts à l’effigie de trois femmes, récemment assassinées par leurs maris. Ce sont : Oumou Tabara Diallo, Aicha Touré et Mariam Kalo. Hassatou Lamarana Diallo, manifestante : « Les agents de sécurité nous reprochent d’être venues avec des tenues inappropriées à la fête. Comme c’est la Journée internationale des femmes, et vu que nous avons enregistré des violences conjugales, voire des cas de décès, nous nous sommes dit qu’au lieu de venir passer toute la journée à faire de la mamaya, nous allons exprimer notre cri de cœur, pour l’honneur des victimes, devant les autorités pour trouver une solution à cette barbarie dont nous sommes victimes tous les jours. Mais dès que nous sommes arrivées, on nous a dit de sortir, parce que nos tenues n’étaient pas appropriées. Etant donné que le Palais du peuple est un lieu public, pourquoi nous mettre dehors ? C’est aussi notre fête. Selon eux, nous incitons les autres femmes à la violence, alors que nous ne lançons que des messages », explique la jeune journaleuse, ivre de colère.

Mais les farces de sécurité affirment que leur expulsion ne serait liée à rien d’autre que l’incitation à la violence qu’elles ont provoqué, par des tenues inappropriées. « Leur tenue n’est pas adaptée à la fête du 8 mars » fait remarquer le colonel Balla Samoura, commandant régional de la gendarmerie de Cona-cris. Eh, oui !

La fête s’est achevée dès que le Grimpeur a boudé le coin, à 13h passées. Dans une ambiance morose.