Le Président-Grimpeur accumule les bourdes pour mener sa campagne électorale. L’état exécrable de nos routes qu’il a préféré laisser à l’abandon a prêté main forte à la pandémie du siècle pour le clouer à Cona-cris et l’obliger de recourir à une « campagne par procuration», alimentée de visioconférences à l’issue desquelles, le succès n’est toujours au rendez-vous. Les raisons en sont multiples.

Les thèmes choisis sont contre-productifs. Ce n’est pas tous les mois de l’année, surtout pas entre septembre et octobre 2020 que l’on sort victorieux d’un débat sur le régionalisme, l’ethnocentrisme, l’ethno-stratégie et que sais-je encore ? Même si l’on est de ce côté-ci de la baie vitrée. Les termes qu’il utilise s’avèrent assassins. Alpha Condé dit ceci et vous en excuserez la longueur : « L’élection du 18 octobre 2020, c’est une guerre. À Kankan, j’ai dit la même chose et à Siguiri je le répète : en tout, il y a 12 candidats, onze se sont regroupés pour former un bloc contre nous, donc nous éliminer de la course. Si vous votez pour l’un des candidats, c’est que vous votez pour Cellou Dalein Diallo. Je sais qu’il y a trop de frustrés et si vous êtes fâchés je vous demande pardon. Le RPG vient de très loin, je mets mes deux bras au dos… Si tu tues ton chien parce qu’il est féroce, en retour, tu seras mordu par le chien d’autrui. »

A N’Zérékoré, Alpha Condé est sur la même lancée. Comme le dit la chanson de Charles Dumont, popularisée par Edith Piaf et tant d’autres célébrités, le candidat du RPG « ne regrette rien.» Pire, il récidive. En six lignes, quelque 110 mots, le Président Grimpeur s’est exposé au public, à la Guinée, à la culture de chez nous. S’il a parlé avec le cœur, il aura aggravé la catastrophe. Il avait créé le soupçon, cette fois-ci, il a avoué que les « affrontements » qu’il avait invité le RPG à initier, ne sont que la justification de sa conviction que « l’élection du 18 octobre 2020, c’est la guerre.»

Mais, alors si l’élection de 2020 est une guerre, pourquoi panique-t-il autant ? N’est-ce pas lui, le Commandant en chef des forces armées guinéennes ? N’est-ce pas lui le chef du clan des Siciliens de l’Administration? Comme il ne reconnait pas l’adversaire, il a préféré arracher à ses ennemis le droit d’avoir peur, montrant que l’ancien panafricaniste est loin de connaitre les secrets de « l’Afrique des savanes ancestrales.»

Sur ce continent, le chef relève du sacré. En aucun cas, il ne doit avoir peur. Pour rien au monde, il ne doit s’éloigner de la vérité, `puisque sa parole ne saurait être sacrée. On pensait que les dix ans de pouvoir ininterrompu l’avaient conduit à revoir sa conception qui faisait de lui l’auteur de « Plus le mensonge est gros, plus le peuple y croit. » Que nenni ! Les nombreuses promesses non réalisées qui ont jalonné ses deux mandats prouvent le contraire. Il en veut encore. Donne-lui assez de cordes, il se pendra lui-même, dit le proverbe anglais !

Ceux qui ont écouté Alpha Condé s’adresser aux populations de Kankan ont été certainement atterrés. Ils ont dû comprendre pourquoi Alpha n’a rien compris à ce qui lui arrive. Il n’a pas compris que le roi est nu. Il n’a pas compris que le ras-le-bol a poussé ses adversaires à l’union sacrée.

Le cas de Siguiri est encore plus grave. Alpha récidive parce qu’il n’a rien compris à l’usage, encore moins au contexte des proverbes qu’il utilise. « Je sais qu’il y a trop de frustrés et si vous êtes fâchés je vous demande pardon. Le RPG vient de très loin, je mets mes deux bras au dos… Si tu tues ton chien parce qu’il est féroce, en retour, tu seras mordu par le chien d’autrui. » Paniquer semblait la seule solution à portée de main. Malheureusement, la panique l’a conduit à au moins, deux fautes impardonnables aux yeux du pouvoir traditionnel africain : la vulgarité et le symbole. Le langage du chef est noble. Comme il n’est pas n’importe qui, il ne dit n’importe quoi. Sûr que le chef n’est pas hautain, mais il doit éviter de mettre les bras au dos. A la rigueur,un Sorbonnard met les mains au dos, pas les bras. Ce n’est pas tout !

Alpha Condé évoque le chien pour expliquer pourquoi il est le candidat le mieux placé. Il fallait laisser les chiens tranquilles. Le contexte ne s’y prête pas. Quand on se réfère au peuple, on prend des exemples appropriés. La boutade que certains attribuent à Sékou Touré est plus que significative. Dialogue :

  • Président, je vous dis : entre eux et nous, c’est comme entre chien et chat.
  • Ah, oui ?
  • Oui, Président !
  • Qui est chien ?
  • C’est…moi, c’est moi, président !
  • Qui est chat ?
  • C’est encore moi, Président !

A chaque mot, sa place ; même si l’on panique. Dans sa visioconférence, Alpha Condé a perdu une excellente occasion de se taire. Il récidive à tort.

DS