En mars 2020, les partis politiques réunis au sein du FNDC ont décidé de ne pas prendre part aux législatives pour, selon eux, ne pas s’associer au tripatouillage de la Constitution. Mamadou Sylla, président de l’UDG et d’autres responsables des partis politiques de moindre envergure ont sauté sur l’occasion pour accompagner le RPG-arc-en-ciel. Le parti présidentiel s’est taillé la part du lion, il a laissé des miettes à ses alliés et aux autres compétiteurs par défaut. Il en a même profité pour faire de Mamadou Sylla son chef de file de l’opposition avec seulement quatre sièges à l’Assemblée nationale.

Pour être reconnu, Mamadou Scylla n’a pas lésiné sur sa détermination. Son statut de chef de file enfin reconnu, le patron de l’UDG, ancien allié de l’UFDG, s’est entouré d’un cabinet de plus d’une vingtaine de membres généralement issus de ceux qui ont participé aux élections. Parmi eux, Abdoulaye Kourouma, député, président du parti RRD qui était chargé entre autres de conseiller le chef de file, notamment dans le domaine de l’industrie. Mais depuis quelques jours, c’est la cacophonie entre ces deux camps. Dans l’entourage de Mamadaou Sylla, on affirme que le leader du RRD a été remplacé depuis le 13 février. Mais le concerné, lui, clame avoir décliné l’offre qui lui a été faite par Mamadou Sylla : «J’ai été nommé dans le cabinet du chef de file à mon insu. Quand je suis arrivé, je ne participais pas aux activités, il m’a demandé si je reconnaissais son statut de chef de file de l’opposition. Je lui ai dit que ce n’est pas à moi de le reconnaitre, c’est la loi qui doit régler cela. Il dit qu’il m’a nommé, mais que je ne l’ai pas remercié. J’ai dit que je n’étais pas intéressé, je n’ai pas été consulté, je préfère être remplacé par quelqu’un d’autre. Il ne voulait pas l’entendre de cette oreille. Je lui ai dit que je ne me sens pas à l’aise parce que ce n’est pas une équipe qui me ressemble. Moi, je voudrais être dans une opposition qui dit ce qui est, ce qui doit être, qui s’exprime en toute liberté et en toute indépendance. C’est moi qui ai décliné l’offre.»

L’opposant se dit plutôt préoccupé par la situation qu’il qualifie d’inquiétante des membres de l’opposition incarcérés à la maison centrale : «Nous sommes dans un pays où l’humilité n’existe plus. Il n’y a personne qui puisse faire le consensus et ils sont très rares ceux qui osent dire la vérité. La société civile n’existe plus, les partis politiques sont intimidés, des arrestations sans procès, une justice passive, c’est vraiment inquiétant».

Yacine Diallo