Dans le temps et l’espace, on a découvert que divers animaux servent de vecteurs de transmission de multiples pathologies à l’homme. Jusqu’à Louis Pasteur, au milieu du XIX siècle, on croyait à l’idée de la génération spontanée des micro-organismes, responsables des maladies humaines. Les travaux de recherches du savant français montrent que loin d’une génération spontanée, il y a une évolution normale des micro-organismes, les microbes.

On sait que la mouche tsé-tsé est le vecteur de transmission du trypanosome, responsable de la trypanosomiase (maladie du sommeil) qui a causé des dizaines de milliers de morts dans les zones humides africaines, au début du XX siècle. Aussi, on n’ignore pas le rôle de l’anophèle dans l’enracinement et la propension du paludisme. C’est le ver filaire qui transmet l’onchocercose, cause de la cécité des rivières qui a largement contribué à dépeupler de vastes bassins de nombreux cours d’eau des régions de savane. Curables, ces maladies n’ont jamais suscité un grand battage médiatique, ni une frayeur collective comme on l’observe dans le cas du sida, l’Ebola et la Covid-19. Les scientifiques ont éprouvé moult difficultés à expliquer les conditions d’émergence de ces pathologies inconnues de l’homme jusqu’à leur apparition, au cours des quatre dernières décades. Des espèces animales, en l’occurrence le singe, la chauve-souris et le pangolin, ont été, de façon récurrente, clouées au pilori, incriminées d’être les réservoirs des agents pathogènes tantôt du sida, tantôt d’Ebola, tantôt de la covid-19. La consommation de la viande de singe a été associée au Sida et à Ebola. On a évoqué la dégustation de la chair du pangolin et de la chauve-souris pour expliquer l’apparition et la propagation des pandémies d’Ebola et de la covid-19, la dernière étant devenue de nos jours un véritable épouvantail de l’humanité entière.

Le pangolin, le singe et surtout la chauve-souris sont dorénavant perçus comme des êtres funestes, porteurs de malheur et de détresse aux humains. Le fait est que la chair de ces animaux est prisée en maints endroits du continent africain.

Ce qui précède exige des scientifiques qu’ils établissent avec une rigueur incontestable les liens entre les animaux incriminés et les contagions pathologiques évoquées. De simples jugements de valeur entretiendraient l’ambiguïté.

Abraham Kayoko Doré