Entre la junte militaire au pouvoir et les Forces vives de Guinée, le dialogue est au point mort. Les deux « adversaires » ont du mal à accorder leur violon sur pas mal de sujets touchant la transition. Les FVG accusent le CRND de gérer, la tête sur le guidon, la transition, alors qu’elles ne réclament ni plus ni moins qu’un dialogue franc et sincère, dénué de tout calcul politique. Il se fait attendre.

Les FVG ont déclenché une série de manifs pour pousser les autorités de la transition à lâcher du lest. Au lieu de donner une suite favorable à ces demandes, le CNRD préfère mâter les contestations. Pire, au sein du FNDC, il se murmure que le colonel Doum-bouillant caresse le rêve de candidater à la prochaine présidentielle : «Mamadi Doumbouya doit savoir qu’il passera devant la justice et rendra compte de ses actes. La stratégie qu’il concocte actuellement, celle de rendre sa démission avant les « 24 mois de transition » pour se porter candidat à la prochaine présidentielle est vouée à l’échec», fulmine Sékou Koundouno. Le responsable stratégies et planification du FDNC en veut pour preuve le refus, selon lui, du chef de la junte de diligenter des enquêtes pour traduire devant les barreaux, non seulement les auteurs des crimes sous Alpha Grimpeur, mais aussi pendant la transition : « Mamadi Doumbouya et son soi-disant mentor et médiocre idéologue de la junte pensent être tellement intelligents que personne ne peut s’apercevoir que pour eux, une enquête judiciaire ou un procès autour de la répression meurtrière des manifestations politiques et sociales enregistrées sous le régime précédent n’a pour objectif que de neutraliser des personnes gênantes, qu’elles soient issues de l’ancien régime ou de son opposition. Prétendre lutter contre l’impunité relative aux crimes de sang et reproduire les mêmes bêtises en reprenant les mêmes arguments que ses prédécesseurs pour se dédouaner relève de l’incohérence la plus grave».     

L’ancien du Balai citoyen estime que la gouvernance CNRD et de celle du RPG, c’est blanc-bonnet, bonnet-blanc : « Chacun doit comprendre qu’en termes de respect des droits et notamment du droit à la vie, la nébuleuse CNRD ne fait pas mieux que le régime de l’opposant historique. Peut-être qu’il faudra attendre que le nombre de personnes tuées par les putschistes atteigne celui enregistré sous le régime précédent, pour que ceux qui leur accordent encore un peu de crédit se rendent compte que rien a fondamentalement changé. Mais à cette allure, près d’une vingtaine de morts en moins de deux ans, le record macabre sera bientôt dépassé. Ce serait peut-être trop tard pour prendre conscience de la réalité».

Yacine Diallo