La dynastie opérée au Tchad après la disparition d’Idriss Deby Itno en avril 2021 a dû faire des
émules parmi les hommes en uniforme africains. La junte malienne avait renversé auparavant le
président IBK en août 2020 et confié le pouvoir à Ba N’Daw et Mouctar Wann. Puis, elle a démis
ces derniers de leurs fonctions et proclamé Assimi Goïta président de la transition.

De cause à effet, ce qui se passe dans un pays influence généralement dans un autre. C’est ainsi
que la candidature de Deby fils au Tchad à la présidentielle de mai prochain et dont la victoire
semble d’avance assurée risque de faire tache d’huile dans les autres pays en transition. Déjà, au
Mali, les thuriféraires de la junte optent pour une transition « jusqu’à la fin de la crise ».
Autrement dit, une transition à durée indéterminée.

Dans la foulée, les partis politiques sont sommés de mettre fin à leurs activités. Ce qui revient à
dire que la junte veut ramener le parti unique. Même les journalistes doivent s’abstenir de traiter
des sujets politiques. Ces mesures ont suscité une levée de boucliers. Acteurs politiques,
membres de la société civile et hommes de médias sont vent debout contre la décision liberticide.
Mais la machine répressive est redoutable.

C’est dans ce contexte que des partis politiques et organisations de la société civile guinéens
publient une déclaration, pour dénoncer la volonté du CNRD d’ignorer l’accord dit dynamique
signé avec la CEDEAO. Lesdites organisations envisagent une série de mesures pour remettre le
train de la transition sur les rails, dont la reprise des manifestations de rue.
Mais ce n’est pas gagné d’avance : les principaux leaders politiques et de la société civile
opposés au CNRD étant à l’étranger. Pour beaucoup d’entre eux, un retour au bercail est
inenvisageable pour le moment. C’est le cas de Sékou Koundouno, devenu le principal
pourfendeur de la junte.

C’est moins périlleux pour le leader de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré de l’UFR.
Même si pour le premier, il y a tout de même une épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa
tête. La justice pourrait réactiver à tout moment le dossier Air Guinée dans lequel il est poursuivi
pour son rôle présumé dans la vente de la compagnie publique lorsqu’il était ministre des
Transports. Reste Sidya Touré contre lequel il n’y a encore aucune poursuite susceptible de

l’écarter de la course au pouvoir. Mais avec des magistrats capables de demander au chef de
l’Etat la conduite à tenir dans un dossier, comme l’a révélé le Garde des Sceaux, la justice
pourrait à tout moment trouver des griefs contre un adversaire politique gênant.
Or, autant un officier sans troupe ne saurait remporter de victoire, autant une troupe sans chef
serait inefficace. Des manifestations sans les principaux leaders politiques et sociaux pourraient
difficilement mobiliser grand monde. Même si aux revendications politiques s’est greffée une
crise sociale. Les coupures d’électricité ont en effet fini par agacer même les partisans de la junte.
C’est un nouvel atout que les adversaires du pouvoir pourraient exploiter à fond pour se faire
entendre.

Habib Yembering Diallo