Reporters sans frontières (RSF) demande la libération immédiate et sans condition d’un journaliste emprisonné pour diffamation en Guinée, alors que les délits de presse sont dépénalisés dans le pays.

Le journaliste sportif Ibrahima Sadio Bah a été condamné à six mois de prison ferme et à payer une amende de 500 000 francs guinéens (environ 40 euros) pour «diffamation, injures publiques et dénonciation calomnieuse» à l’encontre du président de la Fédération guinéenne de football (FEGUIFOOT), Mamadou Antonio Souaré.

Il a été condamné, le 4 février, pour un article sur le site guinee7.com relatant des accusations de corruption d’un candidat malheureux contre le vainqueur de l’élection à la présidence de la FEGUIFOOT.

Le procureur avait requis la relaxe du prévenu pour délit non constitué, selon des informations recueillies par RSF. Contre toute attente, le juge a estimé que le journaliste est coupable de diffamation, injures publiques, et dénonciation calomnieuse.

Juste après l’annonce de cette décision, le journaliste, qui comparaissait libre, a été mis aux arrêts et conduit à la prison civile de Conakry.

«Nous demandons la libération immédiate et sans condition du journaliste et exhortons les autorités à se conformer au strict respect des dispositions de la loi sur les médias, déclare le directeur du bureau Afrique de l’Ouest de RSF, Assane Diagne. Sur la forme, il y a un contournement manifeste et illégal de la loi sur la presse qui avait consacré la fin des peines privatives de liberté pour de simples délits de presse comme l’a d’ailleurs récemment rappelé le ministre de la Justice. Sur le fond, rien dans les écrits de ce journaliste ne saurait justifier une quelconque peine de prison.»

En Guinée, les journalistes font souvent l’objet d’arrestations et de gardes à vue, alors que les délits de presse sont dépénalisés depuis 2010.

En janvier dernier, la condamnation de trois journalistes de la radio Nostalgie sur la base du code pénal, avait suscité de vives réactions poussant le ministre de la Justice à instruire le parquet de faire une déclaration d’appel contre la décision.

En mars 2020, le journaliste guinéen, administrateur général du site conakrylive.info, a été également arrêté et placé en garde à vue, pendant plusieurs jours, pour avoir publié un article mettant en cause le gouvernement, dans une affaire de détournement de fonds. La Guinée occupe la 110e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.