A l’approche du mois de ramadan, le gouvernement guinéen et les commerçants avaient trouvé un accord pour plafonner les prix des denrées de première nécessité. Histoire d’alléger les charges pour les musulmans. Mais des commerçants refusent encore de s’exécuter.  

Il est stipulé dans le protocole d’accord signé entre le ministère du Commerce, de l’Industrie, des Petites et Moyennes entreprises et ses partenaires commerçants, que le sac de riz blanc de 50 kg est fixé à 290 000 GNF, celui de la farine à 350 000 GNF, le carton du poulet à 210 000 GNF, un bidon d’huile CIAO de 20L à 305 000 GNF, le sac d’oignon de 25 kg à 200 000 GNF. Au marché de Kaporo (commune de Ratoma), certains commerçants respectent les consignes des autorités, d’autres fixent les prix à leur guise. Un comportement qui déplait fortement.

Pour Ansou Bailo Diallo, grossiste, cette mesure défavorise les revendeurs : « Je suis allé à Madina pour renouveler mon stock il y a trois semaines. Et apprendre qu’un d’accord est mis en place pour fixer les prix m’affecte sérieusement. Cela veut dire que je dois vendre ma marchandise au prix auquel je l’ai acheté. C’est une grosse perte pour moi, mais je ne peux qu’obéir parce que l’Etat est fort. La seule chose que je demande à l’Etat, prochainement c’est de le faire un peu plus tôt. »

Mamè Soumah, venu faire des achats, salue le plafonnement des prix : « Cette initiative a même retardé. L’Etat devait penser à le faire depuis longtemps. Si les prix sont réglementés sur les marchés, la population ne se plaindra pas beaucoup. Même après le ramadan, ces mesures doivent continuer. Le marché guinéen n’est pas réglementé, chacun fait ce qu’il veut. Seul l’Etat peut pallier cela ».

Le prix du gombo en hausse

Mabinty Camara, vendeuse de légumes affirme que, contrairement aux années précédentes, le prix des légumes est exorbitant : «Nous partons dans les marchés hebdomadaires pour ramener des légumes. Nous les achetons chers, et les chauffeurs nous font payer cher aussi pour les ramener à Conakry. Si nous ne revendons pas un peu plus cher, nous n’aurons aucun gain. Le gombo ? c’est encore pire. Nous achetons le sac jusqu’à un million de francs guinéen, raison pour laquelle nous vendons 4 gombos à 10 000 GNF».

Rareté de clients

Cette autre vendeuse déplore le manque de clients dans ce marché : « Le prix des légumes et des aubergines ne constitue pas le problème. Le piment et la tomate, il y en a en grande quantité. Mais il n’y a pas de clients. Ma table est remplie de marchandises, je n’ai même pas vendu 50 000 GNF. C’est une difficulté pour nous, parce que c’est quand les gens viennent acheter que nous pouvons nourrir nos familles. Pendant le ramadan, le marché c’est jusqu’à 13 heures, ensuite il faut aller cuisiner », explique N’Nata.

Autre problème

De son côté, M’Bambé Sylla, elle, dénonce l’augmentation de la taxe : « Le syndicat du marché a augmenté les billets de table à 2 000 GNF. J’en ai quatre, je dois payer 8 000 GNF tous les jours, soit 180 000 GNF le mois. On arrive à peine à écouler nos marchandises, si on déduit aussi ce montant de nos gains, nous nous retrouvons avec combien à la fin du mois ? Avant, on ne payait que 1 000 GNF », a lancé Kadiatou Djiba.

Kadiatou Diallo