Comme toutes les années, le 8 mars 2025, le monde a célébré dans la ferveur la Journée internationale des droits des femmes. L’évènement est à la fois réflexif et festif. Le 21e siècle est, avouons-le, bien riche en journées internationales. Hommes et enfants ont les leurs. Les pathologies, notamment celles qui ont une forte charge épidémiologique, en ont aussi. Tout comme les éléments constitutifs menacés de disparitions de la faune et de la flore.
Chaque année, ces célébrations sont structurées autour de thématiques proposées par l’ONU, en fonction des contingences politiques, économiques et sociales. Thématique choisie cette année : « Pour TOUTES les femmes et les filles : droits, égalité et autonomisation ».
La place et le rôle de la femme dans la société font l’objet de débats à n’en pas finir. La majorité écrasante des sociétés humaines étant patriarcales, la femme s’est longtemps trouvée en position de subordination et de marginalisation. Cette situation défavorable se traduit au quotidien dans les rapports de pouvoirs politique, économique, social.
Sur le plan politique, en générale, la société considère que l’exercice du pouvoir est l’affaire des hommes. L’histoire montre que les femmes ont rarement dirigé les communautés organisées d’hommes à l’échelle de l’État qu’il soit monarchique ou républicain. Combien de femmes ont été Reines de Royaumes ou d’Empires, Présidentes de la République ou Premières ministres ? Leur nombre est probablement insignifiant.
Seconds rôles
Le Fouta théocratique n’évoque aucune femme cheffe de diwal (province). Pareil pour l’Empire mandingue, malgré la Charte de Kouroukan Fouga qui promeut les droits humains. Aux échelons intermédiaires ou inférieurs du système de gestion de la société, beaucoup de femmes sont présentes. Il faut noter qu’elles ont toujours joué un rôle crucial, à l’ombre des hommes, dans la conduite des États et des institutions.
Les égéries sont les catalyseurs de la volonté des hommes dont elles impulsent les actions. Il faut dire que même dans le matriarcat, quoi que fortement présente au centre des décisions, la femme reste en arrière-plan et n’apparait jamais comme leader. S’agissant spécifiquement du cas guinéen, malgré la prise en compte de la problématique du genre dans les textes législatifs et réglementaires et la détermination de quotas sensibles au genre dans les instances de prise de décision, la proportion de femmes dans les fonctions de hautes responsabilités demeure modeste. Cette statistique est particulièrement préoccupante au niveau de l’administration territoriale.
De l’époque révolutionnaire à nos jours, il n’y a eu qu’un nombre négligeable de femmes qui ont occupé les fonctions de ministres résident, gouverneurs de région, préfets, sous-préfets et commandants d’arrondissement. Aujourd’hui, l’administration territoriale ne compte qu’une seule gouverneure. Il n’y a ni préfet ni sous-préfet femmes.
Stratégies d’autonomisation
Sur le plan économique, les progrès sont perceptibles. Les stratégies d’autonomisation des femmes portées par les politiques publiques, sous forme de soutien au secteur privé, ont accéléré l’émancipation de la couche féminine. A travers l’accès à l’emploi décent et à la promotion de l’auto-emploi tout aussi décent, les femmes et les filles élargissent leur émancipation économique et sociale, voire politique. Grâce à l’autonomisation, de plus en plus nombreuses sont les femmes qui jouissent aujourd’hui de la liberté et du pouvoir de disposer des fruits de leurs efforts.
En renforçant leur autonomie économique, les femmes et les filles consolident davantage leur pouvoir dans la société et leur capacité à actionner, avec plus d’efficacité, certains leviers du développement. Ces progrès fragiles et encore faibles au regard des objectifs visés et des défis à relever doivent être poursuivis. La question du genre rappelle bien le mythe de Sisyphe qu’il faut rompre un jour.
Abraham Kayoko Doré