Le 15 juin, la jeunesse du quartier Dar-Es-Salam a organisé une marche pacifique, pour attirer l’attention de l’opinion publique et des décideurs du pays, sur le danger permanent que constitue la décharge publique dudit quartier. Pour mémoire, les pluies diluviennes sur Conakry le 22 août 2017 avaient fait des dizaines de morts et de nombreux blessés par suite de l’éboulement de la décharge du quartier Dar-Es-Salam. La catastrophe aurait pu être évitée. Le pire dans ce drame, l’étonnement voire la surprise de nos autorités face à ce qui s’était produit. Une lamentation qui frise l’hypocrisie face au malheur qui frappait les citoyens de la zone sinistrée. La catastrophe déplorée à l’époque, est bien la conséquence d’une irresponsabilité collective.
Les jeunes du quartier laissé pour compte se sont fendus d’une déclaration dont un des passages accroche l’attention ; nous citerons autre autres : « C’est avec un profond respect et un espoir sincère que nous, jeunes citoyens engagés de Dar-es-Salaam, prenons la parole aujourd’hui. Non pas pour accuser, mais pour contribuer. Non pas pour opposer, mais pour proposer. Nous nous inscrivons pleinement dans la noble mission que vous portez : celle de construire une Guinée moderne, propre et vivable pour tous. Nous saluons les efforts entrepris dans plusieurs domaines cruciaux, notamment l’assainissement, la réforme urbaine, et la valorisation de l’image de notre pays. Toutefois, une problématique majeure persiste : la décharge de Dar-es-Salaam. Cette décharge dépasse aujourd’hui le simple cadre de la gestion des déchets. Elle constitue un véritable enjeu sanitaire, environnemental et social, mettant en péril la vie des populations riveraines et freinant notre vision collective d’une Guinée émergente. »
La gestion des ordures ménagères de la capitale, problème complexe, s’il en est, n’a jamais été traité avec responsabilité. Conakry se développe dans le désordre et le sous équipement très poussé. Une démographie galopante, des plans d’urbanisation qui n’ont pas permis de régler les problèmes édilitaires de la ville. Face au vide laissé par les autorités (absence de cadre légal formalisé ou non appliqué tels que le code de l’environnement, la réglementation du traitement des ordures ménagères, etc.), les citoyens en font à leur tête. D’où l’occupation de la zone de la décharge publique. La décharge devant être délocalisée depuis des lustres, se retrouve en zone urbaine. Selon le gouverneur Mathurin, la Banque mondiale avait demandé la fermeture de cette décharge. Laxisme et laisser aller courent. Les conséquences, nous les vivons aujourd’hui.
Pour éviter la tragédie d’août 2017, il faut :
- procéder à la fermeture systématique et sans délai de la décharge,
- Assurer le transfert des ordures sur le site de Kagbélen, devant servir de décharge publique ;
- Assurer le relogement des occupants de la zone menacée de contamination par diverses épidémies ;
La gravité de la situation de la décharge de Dar-Es-Salam requiert un plan d’urgence, impliquant différents ministères et communes concernés par la gestion des ordures ménagères de Conakry.
Thierno Saïdou Diakité