Dimanche 13 septembre, sur les antennes de RFI, Alain Foka a piloté son émission hebdomadaire, le Débat africain, avec la dextérité qu’on lui connaît. Thème : Présidentielle en Guinée : ce que change la candidature de Cellou Dalein Diallo. Invités : Yansané Bintou Touré, députée à l’Assemblée nationale, présidente du Parti guinéen pour le Progrès et le Développement ; Dr. Edouard Zoutomou Kpoghomou, président du parti UDRP (Union démocratique pour le Renouveau et le Progrès) ; Mohamed Lamine Yayo, membre du Bureau des cadres du parti RPG-Arc en Ciel, directeur général du Patrimoine bâti public ; Thierno Monénembo, écrivain ; Ousmane Gaoual Diallo, directeur de la Communication de l’UFDG (Union des Forces démocratiques de Guinée).

Il convient de revenir sur certains aspects de l’émission de ce dimanche 13 septembre parce qu’il y a eu des dégâts dans le débat, causés par le représentant du RPG-Arc-en Ciel, M. Mohamed Lamine Yayo. L’on ne saurait les laisser sous silence par respect pour la vérité et la décence.

Il convient d’abord de féliciter le RPG pour avoir envoyé M. Yayo à ce genre de débat, parce que le parti au pouvoir nous a habitués à des joutes oratoires décousues, menées par des débatteurs arrogants, incapables de maintenir les auditeurs à l’écoute, même dans une émission aussi sérieuse que celle d’Alain Foka. Sur la forme, M. Yayo s’est parfaitement intégré aux invités pour mener le débat à son terme. Il a su les écouter et respecter leur temps de parole. Il a su également nous préserver de l’arrogance habituelle du RPG. Il a surtout su mettre à disposition la quantité de sang-froid et de patience nécessaire pour écouter et répondre à Ousmane Gaoual sans voir à travers celui-ci un certain Cellou Dalein Diallo. Il s’est bien préparé à affronter ses adversaires du jour sans aucune haine apparente. Il a dû sérieusement préparer l’émission par la maitrise de la plupart des textes de lois et règlements censés régir la vie et la démocratie guinéennes.

Malheureusement, le fond a trahi la forme. La Guinée idéelle de Mohamed Lamine Yayo est l’exact contraire de la Guinée réelle d’Alpha Condé, le Président-Directeur-Général du RPG-arc-en ciel, président de la République martyre de Guinée. La constitution «issue» du référendum du 22 mars 2020 comporte au moins quatre maladies incurables.
– Elle est issue d’un scrutin couplé par obligation. Alpha Condé sait que sans les législatives, personne ne se serait rendu aux urnes le 22 mars 2020.
-Tout le monde sait aussi que les résultats 91,59%, annoncés à l’issu du scrutin sont fantaisistes.
– Dans les bureaux de vote, les agents électoraux exigeaient que le votant commence par le bulletin du référendum avant d’entrer en possession de celui des législatives. Sans le respect scrupuleux de cet ordre établi, on votera pour vous. Inutile de vous fatiguer !
– Le texte de la constitution sortie des urnes est différent de celui publié au journal officiel.

On peut arrêter là la liste de nos maladies constitutionnelles pour rappeler l’insistance de M. Yayo à s’abstenir de parler de 3è mandat. Vous l’avez suivi. Le 18 octobre, nous en serons au 1er mandat de la 4è république. Aussi, le Président Condé n’a-t-il rien violé. Au nom de Dieu !

Mais est-ce ainsi que l’on change de république ? Dans tous les cas, l’envoyé du RPG s’est vaillamment batu contre des moulins à vent. L’alinéa 3 de l’article 27 de la constitution de 2010 indique que «Nul ne peut exercer plus de deux mandats, consécutifs ou non.» Au terme de l’article 45 de la même constitution, sur laquelle il avait juré, Alpha Condé n’aurait jamais pu en arriver-là. Chef de l’État, il devait, il devrait, il aurait dû, il doit veiller « au respect de la constitution, des engagements internationaux, des lois et des décisions de justice. » Que dit M.Yayo du parjure prévu à l’article 35 au moment où Alpha Condé soumettait la nouvelle constitution à l’approbation des Guinéens ?

Si tout cela est trop compliqué, installez-vous ce soir devant le petit écran pour évaluer le temps d’antenne que le Président Condé consacre à sa campagne électorale avant même d’avoir signé le décret qui permet à la HAC d’ouvrir les antennes aux onze autres malheureux candidats, que dis-je aux onze candidats malheureux du scrutin du 18 octobre. Où se plaindre ? Comment porter plainte contre le président-candidat puisque la Guinée manque de Haute Cour de Justice pour gérer ce genre de …délinquance ? Que voulez-vous que l’on fasse ? Même M. Yayo ne peut y hasarder une réponse, malgré sa logique implacable face à Alain Foka.

DS