Excellence Monsieur le Prési de la Transition, je sollicite auprès de votre augustissime bienveillance, un petit service. Je sais que des gens tournent autour de vous pour solliciter des solutions à de petits problèmes de rien de tout. Moi, je voudrais, Excellence, vous parler de tout et de rien. Ce que les Guinéens, les citoyens lambda surtout, attendaient de vous pour la nouvelle année. Ils voulaient entreprendre un nouvel élan pour vous gêner ou pour vous aider. Au-delà du traditionnel souhait de bonne et heureuse année, ils voulaient vous entendre parler des solutions aux problèmes qui les assaillent. Ils ne sont pour autant sans savoir que, pour un gars de la Grande Muette, parler peut être aussi difficile que trouver une aiguille dans une botte de foin. Mais essayez quand-même ! Il y va de votre image. Car quoi, il y a trop de spéculations autour de votre gestion du pouvoir, autour du respect de vos engagements.

Rappelez-vous,

Vous savez, vénérée lumière des éclairés, cher Prési de la Transition, à l’occasion de votre serment le 2 octobre 2021, vous aviez dit aux Guinéens, droit dans vos bottes : « C’est dans le souci de conjurer une crise politique majeure qui a fortement ébranlé la cohésion nationale et déchiré le tissu social, que les Forces de défense et de sécurité ont pris les rênes du pays ». Coup de pied de l’âne à un certain Alpha Grimpeur, qui a voulu d’un mandat de trop. Vous vous rappelez ? Aujourd’hui, où en êtes-vous dans cette mission, cher chef suprême désarmé euh… des armées ? Colonel, pardonnez à ma langue glissante.

Sir, ce jour-là aussi, vous aviez réitéré votre engagement : ni vous « ni aucun membre du Comité national du rassemblement pour le développement et des organes de la Transition ne sera candidat aux élections à venir ». On est début 2024. Cher colonel que je veux voir fidèle à sa parole d’homme en uniforme de l’armée guinée-haine, à quel mois de 2024 ces élections se tiendront-elles ? A quand le projet de nouvelle Constitution ? Je sais que plein de gens autour de vous vont vous demander n’importe quoi. Souvenez-vous, vous avez promis de rendre le fauteuil à votre successeur élu à l’issue d’élections libres, transparentes, crédibles, inclusives et acceptées de tous avant janvier 2025. C’est pourquoi, sans être ingrats de vos actions oh combien salvatrices liées à la construction des infrastructures routières à travers la Guinée, des Guinéens se rappellent ou plutôt vous rappellent maints de vos engagements pour la restitution du pouvoir aux civils. Vous vous rappelez, du 16 au 21 octobre 2022, Dr Abdel Fatau Musah, commis-serf aux affaires politiques, paix et sécurité de la Cédéao, a conduit une mission technique de l’organisation à Cona-cris. « Aux termes des travaux, dans un compromis dynamique, les experts de la Cédéao et les experts de la Guinée ont conjointement développé un chronogramme consolidé de la transition étalé sur 24 mois couvrant les dix points » du chronogramme brandi par Mory Con(.)dé, votre ministre de l’administration du trottoir. Les citoyens voulaient savoir quel est le niveau d’exécution du chronogramme de 24 mois « accepté d’accord parties ». Tant le médiateur de la Cédéao en Guinée, Yayi Boni, a disparu des radars.

Cher Prési, de colonel Mamadi Girafe, j’ai même honte de vous demander de parler aux Guinéens de votre agenda, tant je sais que vous les aimez, tant je sais que vous ne mijotez pas de vous éterniser au Palais Mohammed V.

Retour des démons du passé ?

Mais vénéré guide des honorés, cher Prési de la transition, pourquoi depuis le limogeage de Mamadou le Péthè Diallo du Département de notre santé malade, les réseaux sociaux sont bloqués en Guinée ? Est-ce une coïncidence ? Pourquoi a-t-on fermé les Grandes gueules et On refait le Monde assis sur un Mirador aux pieux de marbre ? Ne peut-on pas laisser Djoma Media faire Evasion dans l’Espace TV, par n’importe quel Canal ? Ni plus, ni moins. Je me pose la question, car votre ministre des Télécoms a tout compliqué dans nos communications. Ousmane est si Gawa qu’il ignore l’importance du net, les télécoms qu’il gère disent niet à Facebook, WhatsApp, Télégram et tout et tout dans le bled. Pourquoi étouffe-t-on les libertés, les médias critiques contre votre pouvoir transitionnel ? Ousmane Gawa Diallo ne sait-il pas que la restriction des réseaux sociaux prive vos fans de l’arrière-bled de voir leur Prési chéri ? Ils se demandent pourquoi leur complique-t-on la tâche de bousiller leurs sous pour internet ou pour zyeuter la télé de n’importe quel canal. En clair, les Guinéens souffrent à sucer internet des téléphonies Orange Jaune-Rouge du bled ? Pouvez-vous, cher Prési, leur abréger cette souffrance qui n’a que trop duré ?

Vous savez, grande figure des donateurs du pays, d’aucuns de vos compatriotes sont convaincus qu’on leur cache du pourri. Sinon, pourquoi tant de hic sur nos Télécoms, sur nos libertés ? N’est-ce pas le retour des vieux démons ? Votre vaillant gouvernement est devenu ce grand prédateur des droits et des libertés citoyens devant l’Eternel comme sous Alpha Grimpeur.

Vénérée lumière des éclairés, cher Mamadi Doum-bouillant, le 21 décembre dernier, des noctambules ont dit avoir vu de leurs propres yeux, beaucoup de bœufs bien gras immolés dans les ronds-points de Cona-cris mal lotis. Est-ce pour conjurer le mal (quel mal ?) ou permettre aux gens de festoyer comme les victimes du sinistre de Kaloum, après l’explosion du principal dépôt de car-brûlant ? Ah, aigris, ah jaloux ! Vos compatriotes se demandent si vous voulez marcher sur le pas de vos prédécesseurs Conté et Condé, pour s’éterniser au pourboire ?

Et puis, ce n’est pas tout gô, Prési. La journée du vendredi 22 décembre dernier encore, les carrefours de la commune de Kaloum ont été inondés de l’eau bien congelée, dans des sachets. Des témoins ont vu ça de leurs propres yeux. Etait-ce pour éteindre le brasier au dépôt du car-brûlant ou pour étancher la soif de nos vaillants sapeurs-pompiers ou bien encore pour apaiser les cœurs, refroidir les têtes brûlées qui entendent s’opposer à toute velléité d’un Prési de s’éterniser au pourboire en Guinée ?

D’ailleurs, Excellence monsieur le Prési, les victimes de Kaloum en ont-elles été servies à gogo, de cette eau congelée ? Dites-nous, mon colonel, c’est curieux non que cet incendie survienne au moment où des entrepôts sont en chantier à Kodiaran et à Moribaya ? Le porte-voix de votre équipe goubernementale a affirmé à Rfi que « malheureusement, l’accident arrive à un moment où les autres entrepôts ne sont pas achevés ». Woïka ! Sûr que les enquêtes donneront dans les moindres détails les causes de cet incendie funeste.

Bon’nannée !

Cher Prési Mamadi Girafe, grand ami des Guinéens, la Guinée exsangue avec son franc glissant vivra-t-elle en harmonie ou va-t-elle vivre une situation économique des plus difficiles suite à l’explosion du dépôt de car-brûlant ? Une crise qui tombe mal. Parce que là-bas, au Yémen, les rebelles Houthis coupent la route maritime de la Mer Rouge aux bateaux qui passaient jusque-là par le canal de Suez (Egypte) pour acheminer de la marchandise en Europe et en Afrique du Nord et de l’Ouest, notamment. Ces tankers se voient obligés de passer par le Cap de Bonne-espérance pour convoyer désormais les marchandises d’Asie vers l’Afrique, l’Europe, les Amériques. Ce qui fera grimper les prix. La Guinée et ses pauvres hères vont tomber davantage dans la galère. Ce n’est pas passer pour oiseau de mauvais augure. C’est ce que disent les économistes alarmistes. Vous savez ici, on aime trop les choses importées.

Vous voyez, chère vénérée lumière des éclairés, cher Mamadi Doum-bouillant, l’an 2024 risque d’être compliqué. C’est pourquoi je viens vous conseiller de parler cash aux Guinéens de la date d’expiration de la transition courant 2024.

Veuillez agréer, mon colonel, cher grand guide des honorés, l’expression de ma profonde préoccupation concernant votre gestion en 2024. Bon’nanée quand-même !

Mamadou Siré Diallo