Accusée d’avoir assassiné son époux, Aminata Diallo a comparu devant le tribunal criminel de Dixinn ce 27 février. Elle plaide non coupable et parle d’un accident.
Courant 2019 au quartier Sonfonia-Gare (Ratoma), une altercation entre Mamadou Bobo Bah et sa femme, Aminata Diallo, a viré au drame. L’époux de retour du travail trouve que sa femme n’a pas préparé. Furieux, il réclame les 20 000 francs guinéens de dépense qu’il lui avait laissés le matin. Aminata Diallo dit qu’elle a acheté à manger à leur bébé. Bobo Bah exige qu’elle lui donne à manger, et du riz en plus. Madame qui aurait passé la journée chez ses parents, serait rentrée avec du manger, mais l’époux ne veut rien entendre, il veut le riz ou son argent : « Je faisais à manger à mon enfant. Il est venu me gifler, me donner un coup de pied. Je lui ai demandé s’il va me frapper à cause de 20 000 francs. Il m’a dit que si je ne lui rends pas son argent, il va me tuer. Je ne prenais pas tout cela au sérieux, parce qu’on ne s’était jamais battu ». L’accusée explique que son mari s’est alors saisi d’un couteau, pour lui intimer de quitter sa maison : « J’ai refusé de sortir. Nous nous sommes battus, je réussis à retirer le couteau et fuir pour me cacher derrière les fauteuils du salon. Il sort prendre une grosse pierre qu’il a jetée sur moi. Comme il ne m’a pas atteint, il vient m’attraper par le cou et les cheveux et me traîne jusqu’à à la terrasse ». Elle nie catégoriquement avoir porté volontairement le coup fatal à son mari. Elle insiste que c’est en voulant reprendre le couteau de ses mains que Bobo Bah s’est blessé : « Je ne sais même pas à quel moment cela est arrivé. Il m’a juste dit « Ami, tu m’as blessé ». Il m’a montré le sang, il est tombé. J’ai crié au secours ». La victime qui avait perdu du sang, succombe.
« Le remords qui me ronge »
Aminata Diallo, après le décès de son mari, est interpellée par les parents de ce dernier et le voisinage, conduite au commissariat urbain de Sonfonia. Elle est transférée par la suite au commissariat central de Sonfonia. Elle y est restée des jours. Elle y aurait, une fois, fait « une fausse couche dans à cause du stress. Je suis restée avec cette douleur jusqu’à la Maison centrale. C’est quand j’ai été mise sous mandat de dépôt qu’on m’a envoyée à l’hôpital. Aujourd’hui, je ne peux pas vous expliquer le degré du remords qui me ronge ». Aminata Diallo n’est de la mort de son mari que devant le juge d’instruction à Dixinn.
Un désistement pour l’intérêt de l’enfant
Le défunt, Mamadou Bobo Bah et son épouse, Aminata Diallo, sont des cousins. La famille a donc décidé de renoncer à la poursuivre devant une juridiction. Une lettre de désistement est versée aux dossiers de la procédure. La famille motive sa décision par sa volonté de garder la cohésion en son sein et dans l’intérêt de l’enfant de la prévenue.
« Elle voulait faire du mal »
Dans ses réquisitions, le représentant du ministère public n’est pas allé de main morte. Il demande au tribunal de retenir Aminata Diallo dans les liens de la prévention, pour meurtre. Il se dit certain que la prévenue « voulait faire du mal à son mari. Sinon, se justifie-t-il, elle pouvait appeler au secours, quitter la maison ou alors ne pas prendre un couteau pendant cette bagarre ». Selon le ministère public, Aminata Diallo, en poignardant son mari à la poitrine, lui a volontairement donné la mort. Il requiert une peine de 20 ans d’emprisonnement contre elle.
Pour la défense, ce qui est arrivé à Mamadou Bobo Bah ne peut en aucun cas constituer un meurtre. Elle estime que le juge d’instruction s’est trompé en visant l’infraction de meurtre : « Le magistrat instructeur aurait dû requalifier les faits en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner ». L’avocat demande au juge d’acquitter sa cliente, dans la mesure où « l’élément moral n’est pas prouvé. »
L’accusé, elle, rumine encore son remords : « Je ne pouvais pas imaginer que j’allais me retrouver dans une telle situation. Aujourd’hui, je suis à terre. Je demande pardon à ma famille. J’implore le tribunal de me libérer pour que je puisse m’occuper de mon enfant ».
L’affaire est mise en délibéré pour décision être rendue le 13 mars.
Yacine Diallo